Les Chroniques de Bettina : 1ère partie

Bettina

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Cela fait déjà deux ans que je vis un cauchemar. J’ai travaillé pendant 30 ans dans une société Américaine, dans laquelle je me donnais à fond. J’avais toutes les qualités d’une parfaite assistante, je ne disais jamais non. Mes supérieurs hiérarchiques m’appréciaient et me félicitaient tout le temps. Mes évaluations annuelles étaient toujours au top, tout allait bien…
Le problème, c’est que ma charge de travail s’amplifiait de plus en plus, sans que je m’en rende compte : elle avait pratiquement triplé en 4 ans.
Mon corps me faisait souvent souffrir, je faisais des infections rénales à répétition. Je perdais du poids, je n’avais plus d’appétit, je vomissais très souvent.
Je faisais beaucoup d’insomnies.
Très souvent je me levais la nuit pour travailler sur des dossiers compliqués (c’est la nuit que je trouvais les solutions pour résoudre mes dossiers).
Souvent le matin je faisais des crises d’angoisse (tremblements, sueurs, vomissements et crises de pleurs), j’attendais que ça passe et hop ! c’était reparti….
Rien ne me stoppait, je refusais d’écouter mon corps. J’adorais mon travail, je me sentais indispensable et unique – je ne voulais pas décevoir ma hiérarchie, ils comptaient sur moi, je voulait être un bon élément et je savais très bien que si je baissais les bras, tout d’écroulerait.
Je m’interdisais les échecs : ce travail c’était 30 ans de ma vie, je ne voulais pas le perdre.
Malgré ma persévérance, mon corps n’arrivait plus à me suivre, il me faisait de plus en plus mal, à tel point que j’avais de plus en plus d’idées suicidaires (me jeter sous le train, me jeter du 7ème étage de la société). Je ne savais plus comment m’en sortir, je n’avais plus de solutions, il fallait que je me suicide.
Je devenais un boulet pour moi-même, j’étais dépassée, chaque tâche journalière devenait une souffrance, tout devenait un effort surhumain.
Un mois avant de tomber malade, j’étais en vacances et je devais rentrer pour reprendre mon travail ; mais je n’y arrivais plus.
Je me suis donc jetée dans l’escalier, causant un traumatisme de la colonne vertébrale. Ca y est, j’avais un vrai prétexte pour ne pas reprendre le travail… mais la culpabilité m’envahissait et tant bien que mal j’ai repris sans être rétablie. La fatigue me gagnait de plus en plus, je me noyais en haute mer, je savais que j’étais en train de mourir…
Le 19 octobre, le médecin du travail est présente dans les bureaux pour nous vacciner contre la grippe. Je me fais donc vacciner, quelques minutes après ce vaccin je ne me sens pas bien, je vais boire un verre d’eau et là je m’écroule, plus rien, je n’arrive plus à respirer, je n’en ai plus la force. Ils appellent les pompiers (en présence du médecin du travail), ils me mettent sous oxygène, mais je respire de plus en plus mal. Ils appellent donc le SAMU et ils décident que me conduire à l’hôpital. Diagnostic : « BURN OUT ». C’était la première fois que j’entendais ce mot là.
Et là commence un autre combat; les médecins et la sécurité sociale ne connaissant pas bien ces maladies me disent que ce n’est pas un burn out mais un problème d’enfance ! Je n’ai plus la force de me battre, je les laisse faire.
Le médecin du travail s’inquiète pour moi et décide de m’envoyer dans un service spécialisé où, à mon grand bonheur, on comprend ce que je vis.
le médecin conseil m’a dit que la meilleure solution était de me faire licencier, car il était impossible que j’y retourne. J’ai donc mis fin à 30 ans de bons et loyaux services par une rupture conventionnelle, tous ces efforts et cette souffrance ne m’auront servi à rien.
J’ai tout perdu, aujourd’hui je ne sais vraiment pas ce que va devenir ma vie, je suis démolie, je ne me sens plus la force de recommencer quelque chose, j’ai perdu confiance en moi, je n’existe plus.
Le fait de ne pas savoir ce qui m’est arrivé me détruit de plus en plus, je garde malheureusement comme issue de secours le suicide, je n’ai plus l’énergie ni pour me faire du bien, ni pour me faire du mal, je ne peux plus avancer.

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