Stress au travail: sérieux ou plus farfelus, les manuels de survie abondent

Revue de Presse

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Stress, souffrance au travail ou risques psychosociaux: ces problématiques qui préoccupent de plus en plus les salariés envahissent aussi les librairies où ouvrages théoriques sur la sociologie du travail côtoient témoignages et manuels de survie parfois quelque peu farfelus.
Chez les grands éditeurs en ligne, les mots clés « stress et travail » ou « souffrance et travail » renvoient à plus de 800 publications, tandis que la formule « risques psychosociaux » renvoie à elle seule à plus de 200 titres.
Ces deux dernières années, la prolifération de ces ouvrages ne s’est pas démentie, avec la parution de titres plutôt destinés aux managers comme « Faire face au stress », « Les cinq dimensions du stress », ou plus orientés vers les salariés comme le « Manuel de survie dans le monde du travail » du psychosociologue Jacques Salomé.
Parmi l’offre pléthorique, « Travailler à armes égales », co-écrit par une avocate en droit social, un médecin inspecteur du travail et Marie Pezé, spécialiste de la souffrance au travail, se distingue notamment par ses bonnes ventes.
A partir de cas particuliers, le texte très documenté décrypte les mécanismes en jeu dans la souffrance au travail et en offre des indicateurs objectifs. Il rappelle également la législation protégeant les salariés et liste les acteurs de prévention.
Marie Pezé a souligné auprès de l’AFP, que la spécificité de l’ouvrage était d’être « très pluridisciplinaire », pointant que « peu de Français connaissent le cadre juridique très précis » dans lequel s’exécute le travail, un « imbroglio médico-juridique ».
« Nous avons voulu donner une méthodologie de repérage, de diagnostic sur les techniques de management pathogènes parce qu’elles prolifèrent », a-t-elle souligné.
Son précédent livre « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés », s’est vendu à plus de 25.000 exemplaires, un résultat plutôt conséquent pour un texte que Mme Pezé présente elle-même comme « ardu ».
L’ex-médecin urgentiste Philippe Rodet, aujourd’hui reconverti dans le conseil aux entreprises propose de son côté des pistes pour « Se libérer du stress » en partant de situations vécues.
Il a expliqué à l’AFP qu’il voulait convaincre les entreprises que « si on améliore le management, on améliore à la fois la performance et le bien-être ».
Dans « Le travail à coeur », Yves Clot, psychologue du travail, défend pour sa part la thèse que le plaisir du travail bien fait est la meilleure des préventions, tandis que « Prévenir les risques psychosociaux » ou « Stress et risques psychosociaux au travail » visent à fournir des principes et outils de prévention.
D’autres ouvrages prônent une approche plus décalée, comme « Vivez sans stress votre journée de travail avec 47 exercices simples pour rester zen » ou « Le travail mis en scène » qui vante les vertus thérapeutiques du théâtre en entreprise.
Plus provocateur, « Pourquoi le travail nous emmerde » suggère que les salariés soient jugés uniquement sur les résultats et non l’assiduité.
Certains jouent aussi la carte de l’humour comme « 500 idées pour glander au boulot », « 100 raisons de ne pas se suicider au boulot » ou encore « Objectif zéro-sale-con ».
La thématique se décline aussi en coffret avec « Stress au boulot, Kit d’urgence: 30 cartes de relaxation + balle anti-stress ».
Pour Mme Pezé, l’abondance de ces livres un peu saugrenus est liée au fait qu' »il y a une absence de théorie du travail ». Du coup, dit-elle, « c’est la porte ouverte à une sorte de psychologie de comptoir ».
Par Charlotte Hill, Agence France Presse

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