Les Chroniques de Bettina: 3ème Partie

Bettina

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Bettina a accepté de partager avec nous les chroniques de son burn-out. Retrouvez également le prologue de Marie Pezé, ainsi que la première et la deuxième parties de l’histoire de Bettina là.
Après 4 ans d’ancienneté, mon patron vend la société à un groupe américain. Lors de la vente il négocie un poste dans cette société en tant que Directeur Commercial et me met la pression pour que je ne suive pas, mais à sa grande déception, j’accepte la proposition avec une augmentation de salaire de 70%, quel bonheur ! L’ensemble du personnel de cette nouvelle société m’accueille les bras ouverts, tout le monde me respecte et me prend au sérieux.
Le Directeur Général m’a même demandé de l’appeler par son prénom et de le tutoyer – j’étais dans un rêve, je n’y croyais pas, j’étais enfin heureuse dans mon travail et surtout très fière de travailler pour une telle boite. C’était la tension permanente, mais je ne m’en rendais même pas compte. J’aimais mon travail et je ne comptais pas les heures. Mes supérieurs hiérarchiques m’appréciaient et me faisaient souvent des compliments sur mon travail et ça me motivait.
J’étais toujours bien mise et séduisante et j’arrivais toujours à faire passer des messages (faire ce que mes collègues n’arrivaient pas à faire). Chaque fois qu’il y avait un litige c’est moi qui en parlais avec la Direction, je n’avais peur de rien, j’obtenais très souvent ce que je voulais.
Peu à peu j’ai commencé à prendre de l’assurance et à jouer un rôle qui n’était pas du tout moi. Mais plus j’avançais, plus je me rendais compte que je n’arrivais pas à faire marche arrière.
La journée j’étais une personne différente de celle du soir et tout ça me prenait beaucoup d’énergie. J’avais également de plus en plus de travail, et je ne disais jamais non. D’ailleurs ce mot là ne rentrait pas dans mon vocabulaire, il fallait que je contente tout le monde et que je sois agréable, mais pour arriver à de bons résultats ça me demandait des efforts surhumains et je continuais à avancer et aller de plus en plus vite, je n’arrivais plus à suivre le rythme, j’avais l’impression d’être dans un TGV – et je savais que si je descendais je ne pourrais plus y monter. Comment faire ?
Mon cerveau allait dans tous les sens, mon corps était devenu un vrai boulet ; le travail arrivait sur mon bureau et je n’arrivais même plus à réfléchir, je n’avais plus le temps, il y en avait de plus en plus et j’en faisais de moins en moins (je ne savais même plus où j’en étais). Je me plaignais de plus en plus, mon corps était tout le temps au rythme maximal.
C’était comme si je conduisais un bolide à grande vitesse sur une autoroute sans savoir où j’allais, je n’avais plus de freins et j’allais de plus en plus vite, je savais qu’à un moment ou un autre je finirais par m’écraser.
J’étais prise à mon propre piège, mon corps ne réagissait plus, je n’avais plus le temps de dormir, manger, discuter, je tremblais de plus en plus. Chaque petite tâche à exécuter devenait une montagne, il fallait tout chronométrer, je courais tout le temps, dès que je me levais jusqu’au coucher.
Le week end j’avais toujours des tas de raisons pour ne voir personne ; d’ailleurs je n’avais pas le temps car j’avais toujours tout un tas de choses à faire (dans ma tête…) J’avais perdu la notion du plaisir, de regarder les choses, de me promener, je n’avais plus le temps, j’étais toujours sous pression, je regardais ma montre sans cesse, le temps était devenu ma principale préoccupation.
La nuit, quand tout était calme, je prenais le temps de réfléchir et c’était le seul moment où j’arrivais à respirer, et j’en profitais d’ailleurs pour travailler sur les problèmes de la journée que je n’avais pas pu résoudre, donc mes nuits étaient souvent blanches.
La fatigue s’accumulait de plus en plus, tout me devenait insupportable et insurmontable, je ne croyais plus en moi, j’étais toujours pressée, mon cerveau ne suivait plus mon rythme. Au bureau je passais mon temps à noter les tâches sur des post-its et il y en avait de plus en plus sur mon bureau.
Mes objectifs de la journée c’était de quitter le bureau uniquement quand il n’y aurait plus de post-its, mais c’était souvent impossible car il y en avait de plus en plus des post-its, et je ne m’en sortais plus.

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