Les Chroniques de Bettina : 2ème partie

Bettina

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Bettina a accepté de partager avec nous les chroniques de son burn-out. Retrouvez le prologue de Marie Pezé ici, et la première partie de l’histoire de Bettina .
Je suis née dans une famille de 10 enfants, je suis la troisième après des jumelles. Dans ma culture, il est normal que les aînés s’occupent des plus petits. Vers l’âge de 7/8 ans j’étais donc déjà capable de préparer les repas et de m’occuper d’une maison.
J’ai toujours eu des responsabilités et pour moi c’était quelque chose de normal, le travail ne m’a jamais fait peur.
Mon rêve était de devenir secrétaire mais je reconnais que j’avais pas mal de lacunes en français. Compte tenu de mon niveau scolaire moyen, on m’a obligé à apprendre un métier que j’avais par avance décidé de ne pas faire, aide-ménagère ! J’y ai quand même passé trois années. A l’âge de 16 ½ ans, je décidais de quitter l’école où je pensais ne pas avoir ma place. …
J’ai donc décidé de chercher un travail de secrétaire. J’accumulais les petites missions d’intérim, sachant que je n’étais pas du tout à ma place dans ce domaine.
A 17 ½ ans je quittais la maison familiale pour m’installer avec celui qui deviendra mon mari ; nous n’avions pas beaucoup de moyens financiers et je finis par accepter un travail de vendeuse dans la laine. Je travaillais avec le couple des patrons, et si ce n’était pas rose tous les jours, ce travail était à deux pas de chez moi et je n’avais pas assez de bagages pour me permettre d’aller ailleurs, j’en acceptais tous les inconvénients.
Six mois après avoir été engagée, je suis tombée enceinte ! Quel malheur pour mes employeurs qui ne l’ont pas du tout accepté et ont fini par me faire vivre un enfer. Enceinte, je devais rester debout toute la journée, ils me traitaient comme une moins que rien, j’avais pour obligation de laver les casiers de laine tous les jours et pour cela je devais monter sur un escabeau pendant des heures, c’était tellement invivable que vers 6 mois de grossesse je fus hospitalisée avec des contractions. J’ai donc dû arrêter de travailler.
Après mon accouchement, n’ayant pas le choix, j’y suis retourné. Mon enfer continua de plus belle, et 18 mois plus tard je fus licenciée (… à mon grand bonheur). Après ça j’ai continué dans ma démarche de devenir secrétaire et à l’âge de 20 ans, je fus enfin engagée dans cette société, quelle chance !… moi qui n’avais aucun diplôme, je savais que j’allais souffrir mais j’étais prête à tout.
Je travaillais avec le couple des dirigeants. Le patron me terrifiait. il est vrai que je n’avais pas du tout le niveau et que j’avais tout à apprendre, mais j’étais prête à le faire. J’ai donc commencé à lire énormément pour avoir un bon niveau de français, mais cela m’a demandé des mois. Chaque fois que je lui apportais le parapheur pour signature, je savais d’avance que la totalité des courriers seraient à refaire et ça le mettait très en colère. Il corrigeait donc toutes mes fautes et se mettait derrière moi pendant que je retapais les courriers, l’horreur…
Je devais être rapide sans faire d’erreurs, la tension était terrible. J’ai beaucoup souffert mais je n’ai jamais craqué. A près deux ans d’ancienneté, je suis tombée enceinte accidentellement ; je savais qu’il allait très mal le prendre et j’ai mis trois mois avant d’arriver à le lui annoncer. Je n’avais pas tort car le jour ou je le lui ai dit, il m’a aussitôt demandé d’avorter. Moi qui suis contre l’avortement j’étais presque prête à le faire, je ne voulais pas le décevoir… Mais mon mari a refusé et heureusement car je pense que je l’aurais très mal vécu. Nous avons donc fait un deal, je travaillerais jusqu’au bout et dès l’accouchement j’y retournerais tout de suite, ce qui fut le cas. Tous les jours j’emmenais donc ma fille avec moi et j’y restais quelques heures le temps de traiter tous les problèmes en cours.
Je crois que c’est grâce à lui que je suis devenue une très bonne assistante. Je ne me pardonnais aucune erreur, quitte à relire 10 fois la même chose pour être certaine que tout était parfait.

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