Burn-out. La colère d'un médecin breton

Burn Out

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Installé à Brest depuis 1981, le Dr Paul, médecin généraliste, va bientôt partir à la retraite, sans avoir pu trouver un successeur. Avant, il veut témoigner des difficultés de la profession et tenter de faire bouger les choses, lui qui a vécu le choc de perdre son associé suite à un épuisement professionnel.

« Je suis en colère et je veux créer un électrochoc chez les médecins – il y en a beaucoup qui ne vont pas bien – mais aussi au niveau des politiques et de la population en témoignant sur la situation actuelle de la profession. Il faut casser le tabou et parler du suicide des médecins », témoigne le Dr Paul (1).

Trop de pressions

Dans son cabinet médical situé dans un quartier agréable de Brest, il est aujourd’hui seul : il ne pouvait plus assurer le salaire de la secrétaire qui a dû être licenciée. Et le jeune médecin de 35 ans venu collaborer quelques mois après le décès de son associé est lui aussi reparti. Avant l’été, il aura dévissé sa plaque et le cabinet médical, pourtant récent et aux normes pour l’accessibilité des personnes handicapées, devra trouver une autre destination. D’autres confrères brestois ont déjà mis la clef sous la porte sans suite. « Les jeunes médecins ne veulent plus s’installer, ils préfèrent faire des remplacements. Même à Brest, une ville universitaire ! Mais on ne parle jamais des raisons », ajoute le médecin qui a écrit des dizaines de courriers aux autorités de santé, sans réponse. « Seul le directeur de la CPAM du Finistère m’a reçu et écouté pendant une heure ». Et sur le traitement des médecins par l’assurance-maladie, il avait beaucoup à dire.
« La pression des caisses est de plus en plus pesante avec un objectif comptable scruté à la loupe et sanctionnable. Notre activité est analysée et comparée à la moyenne départementale, en matière d’arrêts de travail prescrits ou de patients sous statines… ». En début de carrière, le Dr Paul passait entre dix et quinze minutes avec chaque patient. « Quand il a fallu passer cinq minutes avec le patient et dix minutes avec les papiers à remplir, j’ai décidé de prendre 20 minutes par patient ». Sur la table d’examens il a étalé tous ces imprimés colorés de plus en plus nombreux qu’il lui faut remplir : certificats divers, ordonnances sécurisées, admission en maison de retraite, arrêts de travail…
« En 2013, j’étais moi-même au bord du burn-out et j’avais affiché dans la salle d’attente un texte où je parlais des 50 médecins qui se suicident chaque année en France, de la pression administrative, mais aussi de celle des patients, de leurs demandes urgentes non justifiées et de l’agressivité réservée souvent à la secrétaire ». Un texte qui se terminait par « Un médecin, si on veut être bien soigné, ça se respecte, mais si on lui met trop la pression, il peut aussi craquer ».

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(1) Le nom a été modifié pour respecter la volonté de discrétion de la veuve de son ancien associé.
 

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