Harcèlement moral et sexuel: dénoncée sur Instagram, une startup devant la justice

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Le Conseil de prud’hommes de Paris a entendu la semaine dernière la première affaire de harcèlement moral et sexuel concernant une entreprise mise en cause sur Instagram par le compte « Balance ton agency », qui dénonce les abus au droit du travail dans le milieu de la publicité.

Une affaire à la fois atypique en raison de la gravité des faits qui lui sont reprochés, mais également révélatrice d’un climat de harcèlement plus répandu qu’on le croit dans des entreprises se réclamant d’une « culture startup ».

« Quand tu suces tu fais comment ? » « Est-ce que pour 1.000 euros, tu serais capable de m’envoyer une photo de ton anus ?« . Mercredi 12 mai, fin d’après-midi au Conseil de prud’hommes de Paris. Dans une salle d’audience inhabituellement pleine -en raison d’anciens salariés venus soutenir Sarah (*), la plaignante-, la porte doit rester ouverte pour permettre au public d’entendre les plaidoiries. Et l’ambiance est à la sidération quand les avocates de la plaignante, Me Élise Fabing et Marion Simoné, décrivent « l’ambiance porno » qui sévissait au sein de l’agence Braaxe, une startup dans la communication digitale, attaquée en justice par l’une de ses anciennes employées pour harcèlement moral et sexuel.

Lire aussi : Harcèlement dans les startups : « On commence à voir les pots cassés de la Startup nation » (Elise Fabing, avocate)

La première affaire en justice déclenchée par « Balance ton agency »

Dès qu’ils entrent dans la salle pleine, les quatre conseillers prud’homaux -tous des hommes- comprennent qu’ils vont arbitrer un dossier sensible. Et pour cause : l’affaire Braaxe est une première dans l’histoire du droit social français. Braaxe, 21 salariés, est l’une des premières entreprises mises en cause, à l’automne 2020, par le compte Instagram Balance ton agency. Et c’est suite à la quarantaine de témoignages accablants publiés sur le réseau social, que la plaignante a décidé d’attaquer son ancien employeur devant le Conseil de prud’hommes, en novembre 2020, après sa démission.

« Je n’ai pas publié mon histoire sur Balance ton agency mais quand j’ai réalisé l’ampleur du phénomène, j’ai eu un déclic. Je venais de démissionner, j’avais déjà trouvé un autre emploi, donc les planètes étaient alignées, je devais le faire », raconte Sarah à La Tribune, qui réclame la requalification de sa démission en licenciement pour cause nulle ainsi que le paiement de dommages et intérêts.

De la dénonciation sur les réseaux sociaux à une procédure en justice : l’affaire Braaxe inverse les codes. « C’est d’autant plus important qu’il est rare qu’un dossier de harcèlement dans le milieu de la pub et des startups atterrisse devant le Conseil de prud’hommes« , indique Elise Fabing, CEO du cabinet Alkemist Avocats, qui défend Sarah avec sa collègue Marion Simoné. La raison d’après elle ? La peur.

« Beaucoup de victimes n’osent pas attaquer par crainte des répercussions sur la suite de leur carrière. Et pour celles qui constituent un dossier, beaucoup acceptent un accord financier avec l’employeur, ce qui évite un passage en justice, mais contribue à l’omerta », regrette l’avocate en droit du travail.

Le compte Balance ton agency, puis son corollaire Balance ta startup, ont -un peu- changé la donne. Créé par une autre ancienne salariée de Braaxe -qui témoigne en faveur de la plaignante dans ce dossier et que La Tribune a pu rencontrer-, le compte Balance ton agency dénonce les abus et les manquements au droit du travail dans le milieu de la pub.

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