Comment gérer les situations de souffrance des salariés contraints à l’isolement

Stress Travail et Santé

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Alors que la crise sanitaire et le confinement font naître chez les salariés de nouvelles sources d’anxiété, les managers ont un rôle capital à jouer pour lutter contre le sentiment d’isolement de leurs équipes. (Par Arnaud Gilberton, fondateur d’Idoko)

La période de confinement constitue un réel défi managérial qui dépasse largement la question du télétravail auquel un grand nombre d’entreprises a déjà recours depuis plusieurs années, non sans désagréments. En effet, selon un sondage Ifop pour Workplace publié en juin 2019 , plus d’un tiers des télétravailleurs disaient souffrir de l’absence de contacts humains. Dans la situation présente, les salariés risquent d’être soumis à plusieurs facteurs de stress d’un genre nouveau.

Tout d’abord, alors même qu’elle est capitale au bien-être psychologique, l’activité physique se voit actuellement grandement limitée. Au bout d’une dizaine de jours, un stress spécifique lié à l’absence de mouvements peut apparaître, et se traduire par un sentiment d’irritation, d’agacement sans objet, voire par une grande lassitude.

Il en va de même des difficultés d’ordre personnel qu’induit le confinement : continuer à télétravailler avec de jeunes enfants, vivre en couple dans un petit appartement ou rester seul sont autant de situations parfois difficiles à vivre dans la durée, et qui peuvent entraîner le sentiment de ne pas avoir de moments pour soi ou provoquer un vif sentiment de solitude.

D’autre part, l’incertitude liée aux conditions de sortie du confinement, et à la crise du coronavirus de manière générale, représente un facteur de stress supplémentaire, qui peut remettre en cause de nombreux projets personnels. Enfin et surtout, cette période est résolument marquée par une inquiétude légitime pour ses proches, d’autant plus difficile à vivre que la proximité physique est rendue impossible.

Pour chacune de ces dimensions, la difficulté sera proportionnelle à la durée du confinement. À court terme, les effets psychologiques sont mesurés, mais après plusieurs semaines, il est tout à fait probable de développer des idées noires, une perte de motivation, voire un repli ou une perte de confiance en soi. Les états dépressifs, ou les conflits intrafamiliaux, ne sont hélas pas du tout à exclure.

Dans ce contexte très particulier, le maintien d’une activité professionnelle, même réduite, est un facteur clé de protection contre les effets d’un stress prolongé. Le travail structure la journée, car il impose des tâches à effectuer sur lesquelles se concentrer, des règles et échéances à respecter, de même qu’il perpétue un lien social essentiel avec les collègues et le monde extérieur.

En tant que manager, il s’agit donc de mettre en place les bonnes routines avec son équipe pour maintenir une activité professionnelle dans un cadre bienveillant et positif, en aidant chacun à trouver ses repères pour travailler sereinement à distance. Parmi ces pratiques, nous pouvons citer des visioconférences en équipe le matin pour prendre le café ensemble tout en organisant le planning de la journée ou des points téléphoniques courts, mais réguliers avec chaque collaborateur.

Le rôle d’un manager est ici d’identifier de nouvelles habitudes permettant d’entretenir le lien social au sein de l’équipe, tout en adoptant un management positif, par exemple en communiquant sur les réussites de l’équipe, les compétences développées et les éventuelles opportunités nouvelles qui émergeront à terme.

Bien sûr, il est tout à fait normal qu’un salarié subisse une baisse de moral alors qu’il vivait très bien les premières semaines de confinement. Les managers doivent donc anticiper ces fluctuations du moral de leurs équipes, quelle que soit la qualité de la dynamique d’équipe à distance.

De manière générale, la clé pour les entreprises est avant tout de garder un dialogue ouvert et authentique avec leurs équipes, sans nier la difficulté de la situation ni la dramatiser. Il convient de communiquer clairement sur les priorités et l’organisation du travail à court terme, en partageant des méthodes efficaces de télétravail. Même dans les cas où la charge de travail diminue de manière drastique, le maintien du lien social est essentiel pour chacun. Car chacun doit continuer à se sentir important et utile en accomplissant ses tâches professionnelles, même dans un contexte dégradé.

En tout état de cause, il y a fort à parier que la capacité des entreprises à accompagner leurs salariés avec bienveillance dans la situation que nous traversons sera un élément essentiel pour garantir leur engagement après le confinement.

Via le site www.lesechos.fr

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