Dans les usines ou les bureaux, ces médecins du travail qui tentent, malgré les pressions, de protéger les salariés

Stress Travail et Santé

Partager cet article :

Ils sont les premiers à constater l’impact des nouvelles organisations du travail et de l’intensification des tâches sur la santé des salariés. Les médecins du travail identifient les pathologies, de la douleur musculaire à la dépression, mettent des mots sur les souffrances des salariés, prodiguent des conseils…

Mais l’écoute bienveillante ne suffit pas toujours à installer un rapport de confiance, de nombreux médecins du travail étant salariés d’associations patronales. Plusieurs dispositions du projet de Loi travail pourraient marquer une nouvelle rupture entre médecins et salariés. Reportage dans le Loir-et-Cher auprès d’une médecin du travail engagée.

La journée du Dr Bernadette Berneron commence au téléphone, dans sa voiture qui serpente sur une route du Loir-et-Cher. Ce matin, c’est d’abord une assistante sociale qui l’appelle pour se renseigner sur le dossier d’un salarié éligible à « l’allocation amiante », puis une infirmière qui l’alerte sur le risque suicidaire d’un autre employé. Bernadette Berneron est médecin du travail, un métier aussi menacé que méconnu. Elle exerce à Romorantin, dans un des quatre centres de « service de santé inter-entreprises » du département.

Fille d’agriculteurs, Bernadette Berneron voulait d’abord devenir infirmière ou assistante sociale. Quelques dizaines d’années plus tard, elle fait partie de ces rares médecins du travail engagés qui osent s’exprimer pour dénoncer les pressions des employeurs. Le 8 juin dernier, cela lui a valu une audience devant l’Ordre national des médecins. Avec son confrère Dominique Huez, lui aussi mis en cause, elle faisait appel de l’avertissement de l’Ordre régional – qui l’accuse peu ou prou d’avoir rédigé de certificats de complaisance. Soutenue par plusieurs centaines de personnes, elle estime qu’elle a simplement constaté le lien entre problèmes de santé et conditions de travail de salariés. Bref, rien de plus que son métier.

Depuis 2007, et la modification d’un article du code de la santé, des employeurs se plaignent de l’ingérence, selon eux, de certains médecins et contestent leurs diagnostics, en saisissant l’Ordre de médecins du travail. La base du métier consiste pourtant à établir des certificats médicaux qui peuvent permettre aux salariés de faire reconnaître une maladie professionnelle auprès de la sécurité sociale, rappelle Pascal Marichalar, sociologue auteur d’une enquête sur la profession. Ces pressions d’employeurs se multiplient. « Aujourd’hui, on aurait environ 300 plaintes d’employeurs sans aucun fondement juridique… Ces mises en cause de quelques médecins font peur aux autres », observe le sociologue.

Lire la suite sur le site Bastamag

A lire dans le magazine

Réseaux Sociaux

Suivez-nous sur les réseaux sociaux pour des infos spéciales ou échanger avec les membres de la communauté.

Aidez-nous

Le site Souffrance et Travail est maintenu par l’association DCTH ainsi qu’une équipe bénévole. Vous pouvez nous aider à continuer notre travail.