Devenir ergonome : l’humain d’abord

Stress Travail et Santé

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Dix-sept formations de master permettent, en France, d’accéder en trois ans à une certification européenne.

Pour Olivia Durand et ­Robin Girod, c’est le baptême du feu. Les deux étudiants en master Sciences cognitives et Ergonomie à l’université de Bordeaux vont ­intervenir durant plusieurs mois dans une entreprise dans le cadre de leur stage de fin d’études.
Leur objectif ? Apporter une ­expertise lors de la réorganisation de l’usine. C’est-à-dire adapter l’environnement au bien-être des employés. Afin d’épauler les jeunes stagiaires, des séances collectives de tutorat sont organisées à l’université de Bordeaux. Olivia et Robin présentent à leurs camarades de classe l’avancée de leur projet de stage.
Les questions pleuvent : « Quels sont les gestes que les ouvriers ­effectuent le plus ? Avez-vous évalué les risques de sécurité ? » interroge un étudiant. « Avez-vous plus de détails sur l’historique du projet de déménagement ? Y a-t-il eu des conflits à ce sujet ? », s’enquiert une autre. « Pensez à clarifier la demande de l’entreprise, tempère leur enseignant Johann Petit. Vous ne pourrez pas tout faire. » Et les deux comparses de noter les moindres remarques du groupe pour préparer leur ­immersion prochaine. Ils réaliseront des ­entretiens et des vidéos sur le site de l’usine avant de ­poser un premier diagnostic.

Manque de notoriété

Placer l’humain au centre des problématiques liées à la qualité du travail, adapter la machine à l’homme et non l’homme à la ­machine, tel est le credo de l’ergonome. C’est ce qui a séduit Olivia Durand, ingénieure de 34 ans en reconversion après dix années passées dans le bâtiment. « J’avais besoin de mettre davantage de ­valeurs personnelles dans mon travail, se souvient-elle. La dimension très humaine de l’ergonomie me correspond. »Pourtant, en dix ans, Olivia Durand n’a jamais « ni entendu parler d’ergonome ni travaillé avec ».
Consacrée en France en 1963 par la création de la Société d’ergonomie de langue française (SELF), cette profession est peu connue du grand public. Aujourd’hui, dix-sept masters sont recensés dans l’Hexagone par le Collège des enseignants-chercheurs en ergonomie, du Conservatoire national des arts et métiers de Paris à l’université d’Albi. Tous permettent d’accéder au titre d’« ergonome européen en exercice » après trois années de pratique. En 2015, 135 détenteurs du titre exerçaient en France sur 400 au total à l’échelle européenne.
La relative jeunesse du métier d’ergonome permet-elle d’expliquer son manque de notoriété ? Pas seulement. « La représentation de l’ergonomie est encore ­assez décalée de la réalité, regrette Pascal Béguin, coresponsable du master ergonomie de l’université Lumière-Lyon-II. Les gens pensent immédiatement à l’ergonomie du produit. Mais l’ergonomie, c’est une méthode avec des concepts. Il ne s’agit pas de mettre au point des machines avec des jolies couleurs ! » La discipline s’intéresse autant à l’organisation et à l’optimisation du travail qu’à la santé psychologique et physiologique du travailleur.
Afin d’accompagner l’insertion professionnelle de leurs étudiants et d’être au plus près du quotidien des entreprises, Pascal Béguin et ses collègues ont multiplié les partenariats avec les industriels de la région.

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