« Difficile de se plaindre, la cause est trop belle ! » : dans l’économie sociale, quand la quête d’idéaux vire au burn out

Burn Out, Stress Travail et Santé

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Fondations, ONG, associations, coopératives, mutuelles… Dans ces structures portées par des valeurs altruistes, les salariés ne sont pas épargnés par la souffrance au travail.

Trop de stress. Sonia* vient de quitter son emploi dans une fondation où, pendant quatre ans, elle a piloté des missions liées à la gestion de l’eau dans des pays en développement. La trentenaire a dépensé beaucoup d’énergie et sacrifié une bonne partie de sa vie sociale pour « être à la hauteur » de son poste, et de ses enjeux. « C’était un travail très déstabilisant. Il a fallu que j’affronte des enjeux de pouvoir et le copinage. Je n’arrivais pas à développer des projets de la qualité que je souhaitais. » Alertée par des signes de burn-out, comme des troubles du sommeil et une attention obsessionnelle à son travail, elle a démissionné.

L’économie sociale et solidaire (ESS) – 2,5 millions de salariés dans les coopératives, mutuelles, associations et fondations – attire de plus en plus de diplômés en quête de sens, « de jeunes cadres [qui] ne veulent plus passer leur vie à vendre des yaourts dans le privé », lance Françoise Bernon, déléguée générale du think tank Le Labo de l’ESS. « Dans ce secteur, ils savent pourquoi ils se lèvent le matin, malgré le manque de moyens parfois, et des salaires assez bas. En dépit, aussi, d’un certain stress », reconnaît-elle.

Mais alors que beaucoup pensent pouvoir aussi y trouver un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, certains tombent de haut. En effet, la psychologue Marie Pezé, responsable du réseau de consultations Souffrance et travail, autrice du Burn-out pour les nuls (First, 2017), observe que les professionnels de l’économie sociale et solidaire ne sont pas épargnés par les risques psychosociaux. Au contraire. La psychologue explique ce phénomène par « l’effet délétère des outils d’évaluation du travail hérités de l’économie classique, avec par exemple des tableaux de bord qui ne peuvent pas rendre compte du temps réel investi. L’attribution de missions devient un alibi pour demander toujours plus, trop, et mal ».

« Pratiques managériales humiliantes »

La journaliste Pascale-Dominique Russo a tiré la sonnette d’alarme dans son enquête Souffrance en milieu engagé, parue en février aux Éditions du Faubourg (180 p., 18 €), menée auprès de la Macif, du Groupe SOS, de France terre d’asile, d’Emmaüs ou encore de Chorum. L’autrice constate le développement d’une atmosphère très clivante, liée au grand écart entre un idéal sociétal et un mode de fonctionnement qui peut devenir toxique. « Les discours contradictoires sur les performances économiques, mais aussi sur l’utilité sociale et la non-lucrativité, ont de quoi perturber les collaborateurs, en particulier dans le monde mutualiste, où les fusions à répétition renforcent la pression, analyse-t-elle. Ajoutez à cela une gouvernance déséquilibrée, et l’on aboutit à des situations à risque, comme chez France terre d’asile. »

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