« L’effondrement des urgences ? On le redoutait… on y est »

Stress Travail et Santé

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Y aura-t-il, comme beaucoup le prédisent, une syncope généralisée des services d’urgences cet été, avec des morts à la clé ? Pour l’heure, 120 services d’urgence ont été forcés de limiter leur activité ou s’y préparent, selon l’association Samu-Urgences de France, et, fait à la fois inédit et inquiétant, de gros établissements sont concernés comme le CHU de Bordeaux. Dans ce contexte, la ministre de la Santé a annoncé une série de « premières mesures » sans attendre les conclusions d’une mission flash commandée par le gouvernement sur les urgences, mais les soignants, épuisés, inquiets, attendent des mesures d’une tout autre ampleur.

Cet été, il va y avoir des morts, des gens qui vont mourir parce qu’ils n’auront pas de prise en charge adaptée en temps et en heure, qui vont stagner sur des brancards, sans une surveillance suffisante. Il faut dire les choses telles qu’elles sont, a prévenu Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF). On risque d’être dans une situation très, très problématique cet été et je crains fort qu’il y ait des drames, a alerté de son côté sur RTL le chef des urgences de l’hôpital Avicenne à Bobigny (Seine-Saint-Denis), Frédéric Adnet.

Depuis plus d’un mois, les soignants montent au créneau, annonçant un véritable désastre sanitaire pour la période estivale, si rien n’est fait. Fermetures de nuit, délestages sur d’autres hôpitaux, accès filtrés par les Samu : faute de soignants, au moins 120 services d’urgence ont été forcés de limiter leur activité ou s’y préparent, selon une liste établie par l’association Samu-Urgences de France (SUdF), à la fin mai.

Un été redouté

L’été aux urgences, c’est connu, est toujours un peu plus en tension que le reste de l’année. Pourtant, l’année 2022 pourrait marquer une inquiétante première. Cette année est particulière par le nombre et la taille des services victimes du manque de personnels, et surtout par la précocité avec laquelle se présentent les difficultés, explique Pierre Schwob-Tellier, co-président du Collectif Inter-Urgences et infirmier de nuit aux urgences de l’hôpital Beaujon (Clichy). Normalement c’est le mois d’août qui est problématique, précise-t-il. Thierry Amouroux, porte parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI), fait le même constat : On n’est qu’au mois de juin et déjà, c’est la catastrophe ! On sait qu’en juillet-août, on va fermer 10 à 15% de lits supplémentaires qui vont s’ajouter à ceux qui sont déjà fermés. Cet été on sait aussi qu’on va assister à une nouvelle vague de départs de soignants. Aujourd’hui, on en est à 60 000 postes infirmiers vacants dans les hôpitaux de France…  Rien qu’à l’AP-HP : entre le 1er juin 2021 et le 31 décembre 2021, il y a eu 2 900 départs infirmiers, 1 735 recrutements et donc entre 1200 et 1600 infirmières qui manquent chaque mois.

Au total, quasiment 20% des quelque 620 établissements français  – publics et privés – hébergeant un ou plusieurs services d’urgences sont touchés. Signe supplémentaire d’une crise inédite, 14 des 32 plus gros hôpitaux français (CHU et CHR) figurent sur cette liste. La situation aux urgences en ce moment est dramatique, tout comme dans les services d’hospitalisation, résume Thierry Amouroux. C’est la première fois qu’en France, dans une ville de la taille de Bordeaux (800 000 habitants), les patients qui arrivent aux urgences après 17h ou le week-end sont reçus par des bénévoles secouristes dans une tente. Seules les urgences vitales arrivent à rentrer dans le bâtiment. Cela montre l’état de déliquescence des hôpitaux. Cela fait des années que nous dénonçons la situation et aujourd’hui, on a atteint l’inimaginable : des femmes qui accouchent au bord de la route dans des voitures de pompiers faute de maternité de proximité, des patients qui, en dehors de ces 120 services en souffrance, attendent des heures d’être vus par un médecin et peuvent rester plusieurs jours sur un brancard dans un couloir… faute de lit d’hospitalisation. L’hôpital s’effondre.

Des femmes qui accouchent au bord de la route dans des voitures de pompiers faute de maternité de proximité, des patients qui attendent des heures d’être vus par un médecin et peuvent rester plusieurs jours sur un brancard dans un couloir… faute de lit d’hospitalisation. L’hôpital s’effondre.

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