71 % des employeurs interrogés dans le cadre de l’enquête Conditions de travail 2019 signalent avoir eu des difficultés à recruter sur des postes vacants au cours de l’année écoulée.
22 juin 2022 – DARES Analyses N°26 – Thomas Coutrot
Les graphiques mentionnés dans le texte sont téléchargeables avec l’intégralité de l’étude, en bas de page
Ces problèmes sont le plus souvent attribués à une pénurie de personnel qualifié, mais le rôle des conditions de travail apparaît lui aussi important.
Ainsi, les employeurs qui signalent que leurs salariés sont exposés à des conditions de travail difficiles sont plus nombreux (85 %) à connaître des difficultés de recrutement.
Les horaires atypiques ou imprévisibles ainsi que la difficulté à pouvoir faire un travail de qualité sont parmi les expositions professionnelles les plus associées aux difficultés de recrutement.
En 2019, parmi les nombreux « métiers en tension » pour lesquels les employeurs faisaient état auprès de Pôle Emploi de difficultés à pourvoir les postes vacants, un sur deux connaissait « un problème d’attractivité lié aux conditions de travail ».
Quelles sont les conditions de travail qui contribuent le plus à ces difficultés de recrutement ? Le volet « employeur » de l’enquête Conditions de travail 2019 ( voir encadré dans l’étude à télécharger), couplé avec les réponses des salariés des mêmes établissements, apporte un éclairage à ce propos.
Difficultés de recrutement : plus souvent liées aux conditions de travail pour les employés et les ouvriers
En 2019, 71 % des employeurs1 du secteur privé indiquent avoir eu des difficultés à recruter sur certains postes vacants au cours des 12 mois précédents. Les secteurs de l’industrie et de la construction sont les plus touchés (graphique 1), ainsi que les établissements de plus de 50 salariés (graphique 2).
Pour expliquer ces difficultés, presque tous les employeurs concernés (91 %) évoquent la pénurie de personnes qualifiées pour ce type de poste.
Viennent ensuite le « salaire insuffisamment attractif » (26 % des cas) et les « conditions de travail jugées difficiles » (15 %).
Les secteurs les plus concernés par cette dernière réponse sont les industries agricoles et alimentaires, les hôtels-cafés-restaurants (HCR), les transports ainsi que la santé et l’action sociale privées (où le manque d’attractivité salariale est également beaucoup cité).
Les conditions de travail sont nettement plus évoquées par les responsables d’établissements où les employés ou les ouvriers sont les plus nombreux (graphique 3), alors que les pénuries de personnel qualifié sont davantage mentionnées quand les cadres sont les plus représentés.
Davantage de difficultés de recrutement en cas d’exposition à des contraintes physiques et temporelles, ou à certains risques psychosociaux
Les employeurs indiquent la proportion de leurs salariés qu’ils estiment être exposés à différents risques physiques (charges lourdes, bruit, travail répétitif, agents chimiques dangereux, etc.) et psychosociaux (travail dans l’urgence, sentiment de ne pas pouvoir faire un travail de qualité, horaires imprévisibles, etc.).
Parmi les expositions qui contribuent particulièrement aux difficultés de recrutement, se distinguent les contraintes physiques (exposition à au moins un facteur) et temporelles (travail de nuit et surtout horaires imprévisibles) (graphique 4).
Parmi les facteurs psychosociaux les plus fortement associés aux difficultés de recrutement, figurent le travail dans l’urgence, les tensions avec le public et surtout le sentiment de ne pas pouvoir faire un travail de qualité (« travail empêché » selon le terme usité en psychologie du travail [3]) (graphique 5).
L’écart de difficultés de recrutement est de plus de 30 points entre les établissements qui affirment ne pas avoir de salariés affectés par un sentiment de « travail empêché » (59 %) et ceux qui en comptent plus de la moitié (92 %).
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