Souffrance des magistrats : une réalité implacable

Stress Travail et Santé

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La justice française fait face à une contradiction structurelle, entre une volonté d’égalité et une réalité budgétaire très éloignée de cet idéal.

On ne peut plus parler de «malaise» dans la magistrature tant la souffrance est palpable dans les témoignages que nous publions aujourd’hui. Intensification du travail et sous-effectifs chroniques, épuisement généralisé et perte de sens… Neuf porte-parole viendront relayer le cri d’alarme d’une profession tout entière ce mardi au Conseil supérieur de la magistrature, après une rencontre la semaine dernière avec le garde des Sceaux. Mais que peuvent résoudre des possibles paroles d’encouragement, aussi sincères soient-elles, quand les chiffres sont implacables ? Les voici : on compte en France 11 juges et 3 procureurs pour 100 000 habitants, contre 21 juges et 12 procureurs en moyenne chez nos voisins européens.

Notre enquête pointe trois maux bien connus de l’administration française: un sous-financement chronique par manque d’anticipation des besoins de la population ; une contradiction structurelle entre une volonté d’égalité (la France est l’un des seuls pays au monde où les parties n’ont rien à payer pour initier une procédure) et une réalité budgétaire très éloignée de cet idéal, puisque la France n’investit dans sa justice que 0,2 % de son PIB, alors que la moyenne européenne s’établit à 0,32 % du PIB. Enfin, un présentéisme alarmant, une pratique qui consiste à aller travailler tout en étant malade, démontrant des conditions de travail inacceptables poussant au burn-out, ou pire. Car c’est là le dilemme cruel devant lequel sont placés les magistrats : juger vite, mais mal, ou juger bien, mais dans des délais inacceptables. Et les résultats sont là, eux aussi : la pile des dossiers en attente rien qu’au civil (affaires familiales, contentieux de la propriété, surendettement, etc.) s’élève à 1,8 million de dossiers en souffrance, et donc à 1,8 million de dénis de justice. En ces temps inquiétants de tentation réactionnaire, la démocratie française ne peut pas se permettre une injustice aussi flagrante.

Via le site Libération

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