Le désespoir du tracteur

Suicide Au Travail

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Chaque jour, en France, entre un et deux travailleurs agricoles mettent fin à leur vie. Les problèmes financiers n’expliquent pas tout.

« Problèmes financiers et isolement poussent de plus en plus d’agriculteurs à la dépression, voire au suicide », pouvait-on lire dans « SOS paysans en détresse », un article paru dans Libération en 2013. La surmortalité par suicide dans cette profession est généralement attribuée à des difficultés économiques.

Mais un suicide est toujours multicausal. Le sociologue Nicolas Deffontaines, qui a consacré sa thèse à ce sujet, propose une nouvelle piste pour tenter de les comprendre. Les témoignages de « proches éloignés » d’agriculteurs suicidés qu’il a recueillis (collègues, voisins, travailleurs sociaux…) mettent en lumière le poids des tensions familiales dans les exploitations où sont survenus ces drames. N. Deffontaines y voit une configuration productrice de « suicide fataliste », un des quatre types de suicides identifiés par Émile Durkheim.

Les causes sociales du suicide

Dans son étude fondatrice sur le suicide parue en 1897, É. Durkheim montre que le suicide ne relève pas seulement d’un choix individuel, mais qu’il a des causes sociales. Il distingue le suicide égoïste du suicide altruiste (l’un vient d’un défaut d’intégration dans le groupe de référence, l’autre d’un excès d’intégration) et le suicide anomique du suicide fataliste (l’un vient d’un défaut de normes, et donc de repères, l’autre d’un excès de normes, qui deviennent oppressantes). Ce dernier type ne fait l’objet que de quelques lignes dans l’ouvrage d’É. Durkheim, qui précise en avoir trouvé trop peu d’exemples pour l’approfondir. Cette apparente faiblesse du cadre théorique durkheimien a été pointée du doigt par ses critiques au cours du 20e siècle. Pour N. Deffontaines, le « suicide fataliste » se révèle pourtant fécond pour éclairer le cas de certains agriculteurs. Il s’appuie sur 31 cas de suicides d’agricultrices et d’agriculteurs mariés, bien intégrés professionnellement et socialement, loin de la figure de l’agriculteur célibataire, endetté et isolé.

Lire la suite, « Juliette et Anthony », sur le site www.scienceshumaines.com

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