[BELGIQUE] Le nouveau monde du travail

Dans le Monde, Emploi et Chômage

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Horaires éclatés, bureaux virtuels, free-lances multijobs… Notre modèle basé sur le salariat et le CDI est en pleine mutation. La législation belge est déjà en train de s’y adapter. Reste à trouver les systèmes de protection sociale qui accompagneront nos enfants sur ce marché de l’emploi 2.0.

À la question “que faites-vous dans la vie?”, la réponse de la plupart d’entre nous se décline le plus souvent au singulier. Un métier, un job, un employeur. Pour nos enfants, voire déjà pour ceux dont la perspective de la retraite est encore lointaine, il est beaucoup moins sûr que cela reste le cas. Le monde du travail change. Une révolution lente, presque invisible et pourtant inexorable est en marche. Certes, personne ne l’a réellement voulue. Les bouleversements à l’œuvre dans notre rapport au boulot nous ont d’abord été dictés par la succession récente de crises, le déclin des grandes industries et l’assèchement progressif des traditionnels bassins d’emploi. Les nouvelles technologies, en remplaçant l’homme dans certaines tâches, y ont également joué leur rôle. Reste la question : quitte à travailler autant, pourra-t-on toujours gagner autant ?
Premier signe concret que les temps changent, chez nous, le vote en commission des Affaires sociales de la Chambre, le 1er février dernier, du projet de loi sur le “travail faisable” du ministre fédéral de l’Emploi Kris Peeters. En plus de généraliser le télétravail, de légaliser les horaires flottants et d’annualiser le temps de travail (on garde l’objectif des 38 heures hebdomadaires, mais sur une moyenne annuelle), cette nouvelle législation sur la flexibilité au travail permet désormais aux petites entreprises de constituer des “groupements d’employeurs” et de recruter, ensemble, le même travailleur. Celui-ci partage alors ses horaires entre différentes unités. Son travail est, certes, un peu “émietté”, mais l’honneur est sauf: il a un emploi.
La réalité qu’acte cette loi, c’est la multiplication des formes d’emploi, qu’il soit salarié ou non, qui est en train de redéfinir la conception de la carrière et de la relation au travail. Auto- entrepreneurs, indépendants, intérimaires, polytravailleurs (ou “slasheurs”), temps partiels… Près de la moitié des emplois en Europe sont aujourd’hui contractés autrement que par un CDI à temps plein. Ainsi, aux Pays-Bas, 46 % de la population active travaille à temps partiel. En Espagne, la proportion des CDD s’élève à 33 % de la population active. En Belgique, en Allemagne, en France, la proportion des indépendants dépasse les 20 %. Aux États-Unis, les “free-lances” sont devenus si nombreux qu’une mutuelle a été créée pour prendre en charge leur protection sociale. Et chez nous, dans le milieu culturel, les contrats SMart pleuvent.
Et s’il fut un temps où “free-lance” était souvent employé pour désigner un intermittent du travail, aujourd’hui, c’est devenu un choix. Comme l’annonce cette prophétie sans doute quelque peu prématurée attribuée à Charles Handy, gourou britannique du management: “Dans vingt ans, les individus les plus performants auront quitté l’entreprise pour vendre leur expertise comme travailleurs indépendants”.

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