Deux sociologues analysent le monde des classes prépa

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Trois questions à Muriel Darmon, sociologue au CNRS, auteure de Les classes préparatoires, la fabrique d’une jeunesse dominante*

Pourquoi s’intéresser aux classes prépa ?
Il y avait en France très peu de travaux de sciences sociales sur les classes préparatoires, et beaucoup de témoignages, de conseils, de débats, de critiques enflammées ou de défenses véhémentes. Avec cette ethnographie de quelques classes scientifiques et économiques, j’ai souhaité aller au-delà des légendes (noires et dorées) des classes préparatoires pour analyser sociologiquement ce qui s’y passe.
Quels enseignements en avez-vous tiré ?
Parmi les résultats de mon travail, celui sur lequel je reviendrai ce soir concerne la façon dont les élèves sont censés « apprendre le temps » en prépa : supporter la logique de l’urgence, apprendre à la gérer, voire à l’apprécier. Mais tous ne sont pas égaux devant le temps : les enfants des classes supérieures, déjà surreprésentés en prépa, sont familialement mieux armés pour acquérir les « bons » rapports au temps. Ces inégalités temporelles font, en fait, partie des inégalités scolaires.
Quels conseils donneriez-vous à un étudiant pour bien gérer son temps ?
Je lui conseillerais… d’écouter ou de lire les conseils dispensés par les enseignants, les étudiants, les anciens élèves de prépa sur internet, dans les magazines, etc. ! Avec mon approche de sociologue, je dirais que notre rapport au temps est un rapport social. Il est construit par les conditions matérielles d’existence, l’éducation, les cultures temporelles familiales de chacun de nous. Et si, comme Bourdieu le disait, la connaissance des déterminismes sociaux permet en partie de s’en libérer, ça peut être une bonne chose d’avoir conscience de ce rapport socialement construit au temps, quand on panique devant les choses à faire ou qu’on a l’impression que les autres s’en tirent beaucoup mieux que nous…
(Propos recueillis par Olivier BERREZAI)
Via le site Jactiv.ouest-france.fr
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* Éd. La Découverte, 280 pages, 24 €.

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