D’où vient la psychologisation des rapports sociaux ?

Emploi et Chômage, Livres

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Pour introduire ce numéro de Sociologies Pratiques, nous avons souhaité replacer la question de la psychologisation des rapports sociaux du travail dans une perspective historique en recueillant les points de vue croisés de deux sociologues.

Robert Castel, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, a consacré ses premières recherches à la psychiatrie et à la psychanalyse, dans lesquelles il a particulièrement décrit et analysé la diffusion d’une « nouvelle culture psychologique »[1]. S’intéressant à la « question sociale », il a ensuite analysé dans une perspective généalogique les processus sociohistoriques de constitution de la « société salariale » puis de son effritement à partir des années 1970, et leurs conséquences sur l’intégration sociale et le statut de l’individu?[2].
Il a ainsi été l’un des premiers à saisir le processus de psychologisation des rapports sociaux et à en analyser les significations. L’ensemble de ses travaux nous renseigne sur les conditions d’émergence de l’individu moderne.
Eugène Enriquez, professeur émérite de sociologie à l’Université de Paris VII, a cofondé en 1959 l’arip (Association pour la recherche et l’intervention psychosociologiques), première association de psychosociologues français, qui a contribué à la diffusion de pratiques d’intervention psychosociologique en entreprise. Il a mené une double activité d’intervenant en organisation et d’enseignant-chercheur, qui a donné lieu à une réflexivité sur ces pratiques et leur place dans le champ du conseil?[3], ainsi qu’à une analyse des formes de pouvoir dans les organisations?[4] et plus largement dans la société?[5].
Sa double expérience d’observateur (participant) privilégié du mouvement de diffusion et de transformation de pratiques d’origines psychologiques dans le monde du travail, et d’analyste des rapports sociaux en organisation, l’invite à réfléchir sur le statut de l’individu et du psychologique dans la période contemporaine.
Lire l’article de Castel Robert, Enriquez Eugène, Stevens Hélène, « D’où vient la psychologisation des rapports sociaux ? », Sociologies pratiques, 2/2008 (n° 17), p. 15-27.
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[1] Le psychanalysme, l’ordre psychanalytique et le pouvoir, Maspero, 1973 ; L’ordre psychiatrique, Minuit, 1977 ; La société psychiatrique avancée: le modèle américain (avec F. Castel et A. Lovell), Grasset, 1979 ; La gestion des risques, Minuit, 1981.
[2] Les métamorphoses de la question sociale, une chronique du salariat, Gallimard, 1999 ; Propriété privée, propriété sociale, propriété de soi (avec C. Haroche), Fayard, 2001.
[3] Par exemple « Interrogation ou paranoïa : enjeu de l’intervention sociopsychologique », Sociologie et sociétés, Montréal, IX, no 2, p. 179-203, 1977 ; ou « L’intervention pour imaginer autrement » (avec R. Sainsaulieu), Éducation permanente, no 113, p. 25-38, 1992.
[4] La formation psychosociale dans les organisations (avec J. Dubost, Gocquelin, Cavozzi), puf, 1971 ; L’organisation en analyse, puf, 1992 ; Les jeux du pouvoir et du désir dans l’entreprise, Desclée de Brouwer, 1997.
[5] De la horde à l’État. Essai de psychanalyse du lien social, Gallimard, 1983 ; La face obscure des démocraties modernes (avec C. Haroche), Erès, 2002.

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