En France, les meilleures business schools, mais pas les meilleurs managers…

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S’il est un domaine dans lequel l’enseignement supérieur français fait des étincelles, c’est bien le management. L’Insead vient ainsi de se voir sacrer meilleur MBA de la planète par le « Financial Times », la référence en matière de classements. Devant Harvard, la London Business School, Wharton, Stanford… et aussi Chicago, Oxford, Cambridge et toutes ces institutions anglo-saxonnes que le monde entier admire.

En Europe, HEC décroche régulièrement la couronne de « meilleure business school » pour l’ensemble de ses programmes – MBA « full time » et « Executive » (à temps partiel), master, formation pour dirigeants. Mieux encore : dans le sillage d’HEC, une demi-douzaine d’écoles de l’Hexagone (ESCP-Europe, Essec, EM Lyon, Edhec, Grenoble EM…) figurent régulièrement dans les quinze ou vingt meilleures européennes. HEC se paie même le luxe d’être régulièrement considérée comme la meilleure école au monde pour la formation des dirigeants. Ajoutons qu’une bonne douzaine de business schools françaises ont décroché le label Equis – seul le Royaume-Uni fait aussi bien.Avec de telles performances, les entreprises françaises devraient logiquement bénéficier d’un management incomparable. Les meilleurs collaborateurs de la planète devraient se battre pour être dirigés par de telles pointures. L’économie française devrait ainsi disposer d’un avantage compétitif majeur, et afficher des performances à faire pâlir de jalousie Angela Merkel, David Cameron ou le Premier ministre chinois.

Hélas, ce n’est pas exactement ce qui se passe… Les jeunes diplômés, les cadres et les collaborateurs de tous niveaux, ne tombent guère en pâmoison devant la qualité du management des entreprises en France – pas plus que les experts et les économistes. Les uns et les autres pointent au contraire les lacunes, les excès et les errements de nos entreprises en la matière. Beaucoup jugent même que les relations internes et le « climat social » y sont plutôt moins bons que dans d’autres pays.

Seraient-ils aveugles ? Ingrats ? Aigris ? Pourquoi tant de critiques ? Que reproche-t-on au juste, ici ou là, aux équipes dirigeantes de nos entreprises ? Essayons de tendre l’oreille – même si certaines critiques sont parfois excessives. Pêle-mêle, voici quelques-uns des griefs que l’on peut entendre :

  • Que les entreprises de l’Hexagone ne donnent pas assez leur chance aux jeunes.
  • Que les différentes strates hiérarchiques pèsent souvent d’un poids excessif.
  • Que les collaborateurs sont davantage jugés sur leur diplôme initial que sur leurs compétences, leurs performances ou leur acharnement au travail.
  • Qu’ils sont moins bien payés en France qu’à l’étranger – Suisse, Allemagne, Grande-Bretagne…
  • Que les femmes sont moins bien traitées et surtout moins rémunérées que les hommes.
  • Que les écarts se creusent à l’excès entre les salaires (et les avantages) des dirigeants et ceux du reste des collaborateurs, cadres y compris. Parenthèse : sur ce point, les enquêtes régulières sur les salaires des grands patrons ne leur donnent pas tort. En outre, les sommes scandaleuses perçues, avec la complicité des conseils d’administration, par quelques hauts dirigeants lors de leur départ – Patrick Kron, ex-pdg d’Alstom, Michel Combes, ex-patron d’Alcatel, Bruno Lafont ex-pdg de Lafarge… – ont des effets ravageurs sur les équipes et ce qu’on appelle le « tissu social ». Comment respecter le management de son entreprise, quand on y observe de telles pratiques ? Reconnaissons toutefois que, parmi ces trois dirigeants, seul le troisième est diplômé d’une école de management – HEC en l’occurrence. Fin de la parenthèse.
  • Que pour progresser dans la hiérarchie, les jeux de pouvoir l’emportent trop souvent sur la performance et la compétence.
  • Que nombre de hauts managers vivent « sur une autre planète » que leurs collaborateurs.
  • Que les entreprises sous-traitantes sont fréquemment pressurées et laminées par les grands groupes…
  • Que la diversité et l’ouverture sociale ne règnent pas, loin s’en faut : à quelques exceptions près, c’est encore un petite partie de la population, issue de milieux favorisés, qui truste les postes de commande.

N’en jetez plus.

Pourquoi les meilleures écoles de management ne forment-elles pas les meilleurs managers ? Comment expliquer ce paradoxe apparent ? Il est vrai que la crise est passée par là, avec ses effets délétères. Elle bloque les salaires et les promotions, elle accélère les suppressions de postes, elle crispe les relations sociales. Elle accroît les tensions.

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