[LIVRE] Guide d’autodéfense du licencié. De la déflagration à la reconstruction

Emploi et Chômage

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Le premier livre qui étudie en détail le traumatisme du licenciement et du chômage, et les façons de s’en sortir.

Luc Biecq, Guide d'autodéfense du licencié. De la déflagration à la reconstruction. Préface de Patrick Légeron, Paris, Robert Laffont, mai 2019

Être licencié… Voilà un événement aujourd’hui banal, mais aussi violent, qui touche à notre vie intime et atteint notre vie sociale. Luc Biecq convoque témoins et experts pour radiographier cette période de cassure.
Quatorze personnes licenciées du secteur privé racontent ici chaque étape de leur quotidien à partir du jour où elles ont appris la nouvelle. Elles disent le traumatisme, les sentiments d’exclusion et de déclassement, et partagent les stratégies d’autodéfense et de reconstruction qu’elles ont mises en place pour ne pas perdre pied : ne pas se laisser abattre et apprendre à expliquer ce qui s’est passé ; se défendre face à une direction qui ne perçoit pas les salariés comme une « ressource humaine », mais aussi face à des proches parfois maladroits ; connaître les véritables données pour savoir répondre à des contrevérités comme « il existe des millions d’emplois vacants » ; chercher de l’aide et accepter de se faire aider ; s’entourer et retrouver confiance en soi…

Préface

« Je t’aime… moi non plus ! » L’entreprise se comporterait-elle vis-à-vis de ses salariés comme une amoureuse indélicate ? Elle demande des preuves d’amour, un investissement sans limites, elle accepte mal que nous ayons une vie personnelle. Elle nous reproche de l’abandonner lors des week-ends ou des vacances et nous incite même à lui consacrer un peu de temps lors de ces précieux moments. Une amoureuse, enfin, prête à rompre quand l’envie lui vient, se sentant d’un seul coup libre de toute obligation envers le salarié.

Il peut sembler étrange de comparer la relation que nous entretenons vis-à-vis de notre travail avec une relation amoureuse. Cependant, les psychiatres s’y sont risqués depuis longtemps. Les évolutions du monde du travail de ces dernières années se sont traduites par de nouveaux effets sur les salariés. Après la sollicitation du corps qui a marqué la réalité et la pénibilité du travail pendant des siècles, voire des millénaires, la société postindustrielle a vu naître la sollicitation de l’esprit. C’est maintenant les émotions qui sont sollicitées. Dans l’entreprise, tout un discours souligne la nécessité de bien faire son travail, mais surtout de l’aimer. Le management moderne s’intéresse de plus en plus à nos émotions, au mieux pour les gérer, au pis pour les manipuler.

Dans les enquêtes européennes analysant les relations qu’ont les salariés avec leur travail, la France apparaît comme le pays où ceux-ci leur accordent le plus d’importance. Ce surinvestissement, même s’il est recherché par les employeurs, n’est pas sans danger. Il explique les phénomènes de burn-out, mais aussi, lorsque la rupture survient entre l’entreprise et le salarié, la grande détresse psychologique de celui-ci. On parle volontiers du traumatisme lié au licenciement et de ses conséquences « post-traumatiques ». Or les psychiatres ne sont pas tous d’accord pour qualifier d’« état de stress post-traumatique » la souffrance réelle ressentie à la suite de la perte de son emploi. Ce diagnostic se limite, en effet, dans les références médicales internationales, aux situations de confrontation directe ou indirecte avec la mort. Mais les conséquences de la perte d’emploi ne se résument pas à une détresse psychologique qui se manifeste par une diminution de l’estime de soi et de la confiance en soi et un sentiment de perte d’identité, d’isolement social et de stigmatisation. L’impact sur la santé n’est pas négligeable, comme l’a souligné le rapport européen sur la santé dans les restructurations d’entreprises (rapport HIRES, Health in restructuring, 2014).

Chez ceux qui perdent leur travail, les troubles dépressifs et anxieux sont plus fréquents et souvent associés à des problèmes cardiovasculaires, d’affaiblissement du système immunitaire, de mauvaise alimentation, de surconsommation de psychotropes et d’usage de drogues. Étonnamment, alors que les risques pour la santé sont accrus, celui qui perd son travail ne bénéficie plus de la médecine du travail ! Au-delà de ses implications économiques, la question du travail est aujourd’hui au centre des préoccupations sociétales et humaines. Nous disposons de nombreuses études sur l’homme au travail ou sans travail.

L’originalité du livre de Luc Biecq est de nous introduire dans cet univers encore peu exploré de l’« entre-deux ». Cette zone d’ombre entre le monde des travailleurs et celui des chômeurs. Les nombreux témoignages qu’il a recueillis, ainsi que les analyses d’experts qu’il nous fournit nous permettent de porter un regard sans concession sur la violence d’un licenciement, mais nous indiquent aussi les moyens d’y faire face.

Dr Patrick Légeron, psychiatre, fondateur du cabinet Stimulus, coauteur du rapport sur les risques psychosociaux pour le ministre du Travail et du rapport sur le burn-out pour l’Académie nationale de médecine.

Luc Biecq, Guide d’autodéfense du licencié. De la déflagration à la reconstruction. Préface de Patrick Légeron, Paris, Robert Laffont, mai 2019

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