Faut-il avancer masqué face au coronavirus ?

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Entretien avec Myriam Bouslama Chargée d’études sur les risques biologiques à l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS)

Alors que l’épidémie de Covid-19 se propage, de nombreux salariés qui travaillent, particulièrement ceux en contact avec le public, s’inquiètent. Porter un masque est-il protecteur ? Myriam Bouslama rappelle que les protections collectives sont tout aussi importantes que les mesures individuelles.

Il y a une certaine confusion dans les recommandations des autorités sanitaires quant au port des différents masques de protection face au coronavirus. Pouvez-vous nous éclairer ?

Myriam Bouslama : Les masques chirurgicaux sont efficaces pour protéger des virus qui se transmettent par gouttelettes, ce qui est le mode de transmission principal du coronavirus. Par exemple, pour la grippe, des études ont montré que le port d’un masque chirurgical était aussi efficace qu’un masque FFP. Ce dernier est plus filtrant et il est notamment recommandé face à des contaminants qui se transmettent par aérosols, comme ceux qui vont véhiculer la tuberculose. Mais ce masque FFP est aussi plus contraignant et peut être inconfortable à la longue, sauf ceux qui sont équipés de valve expiratoire.

On a pourtant entendu les autorités sanitaires affirmer que les masques chirurgicaux ne constituaient pas une bonne protection, voire qu’ils n’étaient pas nécessaires ?

M. B. : Je crois qu’il faut distinguer les différentes périodes de l’épidémie et les différents niveaux de précaution qui ont été pris. Au stade 3, les recommandations ne sont pas les mêmes que celles du stade 2, lorsque l’on estimait que le virus n’était transmis que dans certaines zones bien définies. A cette période-là, en effet, le port de masque généralisé n’avait pas vraiment de sens. Il fallait le réserver aux soignants, aux personnes malades et aux cas contacts. Aujourd’hui, en stade 3, maintenant que l’épidémie est généralisée, la situation a changé. Il faut équiper en priorité les soignants bien sûr mais aussi les personnels en relation avec le public. Attention, pour ces derniers, comme par exemple les caissières des supermarchés, il faut insister sur un point fondamental : la prévention ne peut pas se limiter au port d’un masque chirurgical.

Quelles autres mesures de prévention préconisez-vous ?

M. B. : Déjà, il faut former les salariés à l’installation du masque et à son retrait, ainsi qu’à son utilisation. Il doit être changé régulièrement, surtout si, au fil des heures, il devient humide à cause de la transpiration ou de l’exhalation. Le pire serait que les gens se croient protégés alors qu’ils ne le sont pas ou plus. Il y a des procédures à respecter qu’il est indispensable d’acquérir. Mais il n’est pas inutile de rappeler que les principes généraux de prévention imposent de privilégier les protections collectives aux protections individuelles que sont les masques. Ainsi, certaines enseignes ont installé des parois en plexiglas pour protéger les caissières, ce qui permet d’éviter les projections.
Ensuite, il faut également bien assimiler les gestes barrières et les adapter à l’activité de travail. Par exemple, pour reprendre l’exemple de la caissière, il faut à la fois éviter de se toucher le visage, avec ou sans masque, se laver les mains avec une solution hydroalcoolique quasiment à chaque passage d’un client et désinfecter aussi sa surface de travail, le tapis roulant, la caisse, le lecteur de carte… Il est également nécessaire de mettre une distance entre les clients et d’espacer davantage les postes de caisse ouverts. Comme il y a désormais dans les magasins un filtrage pour limiter le nombre de clients présents en même temps, il est possible de ne faire fonctionner qu’une caisse sur deux. On peut aussi inciter les magasins à privilégier les caisses automatiques, ce qui réduit l’intervention du personnel.

Via le site www.sante-et-travail.fr

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