"FATIMA", un film de Philippe Faucon

Femmes Au Travail, Films & Documentaires

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Fatima vit seule avec ses deux filles : Souad, 15 ans, adolescente en révolte, et Nesrine, 18 ans, qui commence des études de médecine. Fatima maîtrise mal le français et le vit comme une frustration dans ses rapports quotidiens avec ses filles. Toutes deux sont sa fierté, son moteur, son inquiétude aussi. Afin de leur offrir le meilleur avenir possible, Fatima travaille comme femme de ménage avec des horaires décalés.
Un jour, elle chute dans un escalier. En arrêt de travail, Fatima se met à écrire en arabe ce qu’il ne lui a pas été possible de dire jusque-là en français à ses filles.

 

Elayoubi-livreAu cinéma le 7 octobre 2015,
« Fatima » est un film inspiré
de l’ouvrage « Prière à la lune »,
de Fatima Elayoubi.

Extrait de l’entretien avec Philippe Faucon :

Comment avez-vous eu l’idée, et l’envie, d’adapter librement « Prière à la lune » de Fatima Elayoubi ?
Ce projet m’a été proposé par Fabienne Vonier, qui devait en être la productrice. Le livre « Prière à la lune » est un petit recueil de poèmes, de pensées, de fragments écrits divers, et lorsque je l’ai lu, je me suis demandé quel film on pouvait en tirer. J’ai mieux compris l’intuition qu’avait eue Fabienne quand j’ai rencontré Fatima Elayoubi, qui est une personnalité extraordinaire. Elle est venue en France en suivant son mari, sans savoir ni écrire, ni parler le français, et elle n’a donc eu accès qu’à des boulots peu considérés. Elle a fait des ménages toute sa vie et a commencé à parler et à écrire sur le tard, car ses horaires et ses difficultés de vie ne lui laissaient guère de temps pour apprendre. Elle a appris quasiment seule, en déchiffrant puis en lisant tout ce qui lui tombait sous la main. Aujourd’hui, son expression est riche et minutieuse, on sent un besoin de l’exactitude du mot qui exprimera sa pensée ou son ressenti. Je me suis beaucoup attaché à ce projet, qui n’était pas simple à écrire ni à financer : le sujet n’offrait pas la possibilité d’un casting porteur et le film était en partie sous?titré. Pour des raisons de santé, Fabienne a dû renoncer à le produire et nous a proposé, à Yasmina Nini-Faucon et moi, de le reprendre en tant que producteurs.

Film Fatima, dossier de presse

Lire la suite de l’entretien sur le dossier de presse du film « Fatima »

Tout en faisant de Fatima le personnage principal, vous brossez le portrait de trois femmes de générations ? ou en tout cas d’âges? différents et, à travers elles vous abordez des problématiques qui leur sont propres.
Oui, car toutes trois vivent au sein d’une même cellule familiale, avec des affects forts, mais également dans des univers différents, qui établissent ou accentuent quelquefois des séparations entre elles, des ignorances l’une de l’autre, des incompréhensions. Il y a avant tout les barrières de la langue, qui sont révélatrices des différences entre les mondes dans lesquels elles évoluent séparément. Fatima ne comprend rien à la langue des études qu’a entreprises Nesrine, ni au langage de la rue qui est celui de Souad. De même, les deux jeunes filles ignorent tout de ce que leur mère écrit en arabe dans son cahier.
Effectivement, l’absence de maîtrise de la langue française est une source d’enfermement et d’isolement pour Fatima, voire d’aliénation…
C’est un handicap quotidien, dans les rapports sociaux et aussi dans sa relation à ses filles, qui, elles, parlent le français depuis toujours. Chacune des trois possède un niveau de langage en rapport avec son histoire et son environnement culturel. Fatima apprend le français comme elle peut, en interrogeant Nesrine ou Souad, ou aux cours d’alphabétisation lorsqu’elle a le temps de s’y rendre entre ses heures de ménage. Elle éprouve une grande frustration en communiquant mal avec ses filles, et fait tout son possible pour suivre la scolarité de Souad, malgré ses carences et les railleries de cette dernière. Nesrine parle le français d’une jeune fille de deuxième génération, qui s’est emparée, grâce à ses lectures et aux études, de quelque chose que ses parents ne pouvaient lui transmettre. Si on l’écoute attentivement, elle commet quelques rares « fautes » qui continuent de la « marquer » concernant ses origines sociales. Quant à Souad, elle parle le langage de ses 15 ans et des ados de son environnement social, à la fois restreint, inventif et provocateur, avec des expressions inattendues pour sa mère : « Arrête de dire que c’est un garçon pas assez bien pour moi ! Comme si j’étais sortie du cul d’une poule en or ! »
 Sortie le 7 octobre 2015.
Pour en savoir plus sur le film

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