"Je voyais le train arriver le matin, je me disais : un de ces quatre, je saute dessous": une employée raconte cinq ans de harcèlement dans son ex-entreprise

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Les pratiques toxiques en entreprise passent encore trop souvent sous les radars. Voici le témoignage de cette standardiste que nous appellerons Catherine. Après 30 années heureuses dans son entreprise, un nouveau supérieur arrive et tout bascule.

Quand Catherine* évoque l’avant, elle parle d’une vie heureuse avec ce travail de standardiste pour un grand groupe agro-alimentaire. Son poste depuis 30 ans consiste à répondre au téléphone, recevoir les clients et trier le courrier, pour 1 300 euros par mois. On la surnomme « Soleil » pour la chaleur de son accueil. Mais cela change en 2008 avec l’arrivée d’un nouveau supérieur.

« À chaque fois qu’il ouvrait la bouche, c’était pour me donner du travail supplémentaire », se souvient Catherine, visiblement encore traumatisée. Elle doit d’abord s’occuper des visas des cadres du groupe. « Je vis passeports, je mange passeports, je dors passeports et j’arrive à faire les passeports mais je ne dors plus ! », narre-t-elle. Puis s’ajoutent les réservations de train, de voiture et la gestion du parking de l’entreprise, ce qui n’empêche pas les remontrances. « Par exemple : ‘le téléphone sonne, t’étais où ?’ ‘Je raccompagnais les clients au sous-sol.’ ‘Mais pendant ce temps-là, le standard est tout seul !’ ‘Et comment je fais ? Je ne peux pas être en bas et être à mon poste’, » relate Catherine.

Surcharge de travail, dégradation du cadre, isolement…

Pour éviter de quitter son poste, Catherine n’ose même plus boire de peur de devoir aller aux toilettes. Ses conditions matérielles se dégradent aussi. « On a coupé mon espace de travail. Je n’ai plus accès aux fenêtres, je n’ai pas de chauffage et je suis à 2,50 mètres de la porte d’entrée donc je suis dérangée toutes les cinq minutes parce que j’ouvre à mes collègues », explique-t-elle.  

Certains de ses collègues finissent par recevoir la consigne de ne plus lui adresser la parole, se désole Catherine. Pour autant la pression de son supérieur ne s’estompe pas : « Regarde untel ! Tu vois, lui fait ce que je lui dis ! »

« Mais vous me comparez à un cadre supérieur. Moi, je suis standardiste ! À ce moment-là, j’ai compris ».

Catherine, victime de harcèlement au travail

Mais cela a déjà duré cinq ans. Catherine perd ses cheveux et vit sous antidépresseurs. « Je voyais le train arriver le matin, je me disais : un de ces quatre, je saute dessous ». La médecine du travail finit par l’arrêter. La quinquagénaire quitte sa région. Elle vit désormais avec une pension d’invalidité. Fin 2019, la justice prud’hommale condamne son entreprise pour harcèlement moral. « Je suis debout ! Mal en point mais debout ! », soutient Catherine la voix brisée. Elle attend désormais impatiemment l’appel. Son avocate espère plus que les 50 000 euros de dommages et intérêts obtenus en première instance.

Lire la suite et écouter le témoignage sur le site www.francetvinfo.fr

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* Le prénom a été modifié

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