L'art d'être vulnérable

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Gérer ses émotions, son couple, l’éducation des enfants… À force de tout voir du côté de la gestion, on diffuse une idéologie violente qui nie notre fragilité pour Fabrice Midal.

Fabrice Midal est philosophe, écrivain, spécialiste des violences du quotidien, enseignant en méditation.

Nous vivons dans une société où règnent les mots « utilité », « efficacité », « rentabilité »… Des concepts qui s’infiltrent partout, dans l’entreprise et le grand marché, en politique, dans les champs médical et psychologique, sans oublier la vie du couple et l’éducation des enfants. L’époque rêve de contrôler ce qui lui échappe: dans ce contexte, on peut se demander ce qu’il advient de l’homme, cet être fragile, vulnérable, faillible et mortel. La dictature de la maîtrise et du contrôle transforme insidieusement nos vies et l’on en vient à perdre le sens profond de la relation aux êtres mais aussi au monde qui nous entoure. Comment retrouver un juste rapport au monde ? C’est la question à laquelle le philosophe Fabrice Midal tente de répondre dans « La tendresse du monde » (éd. Flammarion).

Le concept de rentabilité s’infiltre dans tous les domaines

La gestion, une idéologie qui imprègne toute notre vie

« On est pris par une sorte d’idéologie, qu’on adopte sans même s’en rendre compte, qui fait que tout est pris, vu, à partir de la gestion. » On parle en effet de : gérer ses émotions, gérer l’éducation des enfants ou gérer les gens dans une entreprise… Or, le terme de « gestion » appartient initialement au domaine de l’économique, de l’utile. « Gérer » de l’humain c’est en quelque sorte l’instrumentaliser. Et nier son humanité.

Peut-on vraiment parler de « rentabilité » pour des personnes ?

Le philosophe établit un lien direct entre cette violence de l’instrumentalisation de l’être humain et les problèmes de souffrance au travail dont il est de plus en plus témoin. Il dénonce aussi la grande violence du discours sur l’euthanasie qui malgré une grande compassion, masque de grandes transformations dans notre rapport aux autres. Maîtriser jusqu’à l’heure de sa propre mort revient à se poser directement la question de « l’utilité » de notre propre vie et d’une personne. Un concept violent qui renvoie à celui de la rentabilité des personnes.

La gratuité, l’art et la beauté

Qu’advient-il de l’homme dans ce contexte ? Pour Fabrice Midal, il faut retrouver un rapport incarné les uns aux autres, et la prise en compte de notre humanité. Le philosophe met en avant les vertus de l’art et de la poésie (encore faut-il que ce domaine ne soit pas lui aussi assujetti aux lois économiques et à la logique spéculative !).

Écouter l’émission sur le site https://rcf.fr

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