[BD] Le Travail m’a tué

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La souffrance au travail, pour Carlos, ce n’est pas qu’une métaphore. C’est son calvaire quotidien. Pourtant, ce diplômé de Centrale issu d’un milieu modeste, forçat de travail, est entré dans l’industrie automobile la passion chevillée aux tripes. Mais un beau jour arrive une nouvelle forme de management, et le voilà confronté au mal du moment : la perte de sens. Perte sidérale. Perte fatale…

Tirée de cas avérés et funestes, l’histoire de cette irrésistible descente aux enfers s’attaque à un véritable phénomène de société. Mais derrière le phénomène, il y a, ou plutôt il y avait… un homme.
La principale prouesse de cet album, c’est de nous oppresser jusqu’à suffocation. Oh, on ne s’était guère fait d’illusion à la lecture du titre : Le Travail m’a Tué. La couleur est annoncée d’emblée. Le sujet est celui du burn out, de ce travail qui se fait bourreau, d’abord exécuteur des basses œuvres, avant de nous exécuter tout court.
Il s’agit de l’histoire de Carlos Pérez, librement inspirée d’un cas réel, qui malheureusement n’est guère singulier. Le jeune Carlos, issu d’une classe modeste, s’est construit une carrière d’ingénieur automobile sur les valeurs du travail acharné (il est pris à Centrale), de la passion pour le sujet (un dingue de bagnole !) et de la foi dans le mérite.

Les  » killers  » sont à la manœuvre

Et en effet, ça va lui réussir. Le voilà embauché pour une grande marque à laquelle il se consacre corps… et âme. Ce qui lui vaut l’ascension. Pas un salaire mirobolant, mais une certaine reconnaissance.
Puis la roue tourne, en même temps qu’arrive une nouvelle génération de managers à bord. Des enfants de la haute, élevés dans le culte du conquérant, pour ne pas dire du « killer », et qui n’ont en bouche que les valeurs de compression des coûts et de hausse des objectifs. Individuels, les objectifs, pour s’assurer de neutraliser tout esprit d’équipe.
Pire. Cette approche censée tirer le meilleur de chacun (en tout cas sur le papier) est associée à des changements de cap incessants et incertains, la mise en place trop fréquente de nouveaux process, la séparation des services, une communication aberrante et pour finir une pression exponentielle.

Lean-management brouillon et dévastateur

La « faute » de Carlos, c’est de s’accrocher à tout prix. La volonté de bien faire le gouverne nuit et jour, au détriment d’une vie familiale qui part en capilotade, associée à une lucidité sans faille sur les méfaits de ce lean-management brouillon et dévastateur. La « faute » de Carlos, c’est de vouloir trouver du sens là où tout n’est que calcul de dividendes.

Ça se produit près de chez vous

L’irrésistible descente aux enfers, traduite en un dessin jeté sans forfanterie, quasi satirique, nous happe littéralement à la gorge. Ça s’est produit il y a quelques années dans l’industrie automobile, et dans les télécoms. Ça se produit encore aujourd’hui à côté de chez vous. Tiens, au fait, vous ? ça va en ce moment ?
Article de Lysiane Ganousse, via le site www.estrepublicain.fr

« Le Travail m’a Tué », par Grégory Mardon, Arnaud Delalande et Hubert Prolongeau,  chez Futuropolis ; 19€.

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