Les uns diront qu’il s’agit d’exigence, les autres l’attribueront à cette propension à râler en permanence. Les Français sont, une fois de plus, champions de l’insatisfaction. Le sujet de leur mécontentement : la taille de leur bureau, le confort de leur fauteuil, le bruit, la lumière, les collègues… En résumé, la qualité de vie au bureau.
Selon le baromètre 2014 de l’observatoire Actineo (réalisé en juin auprès de 2 500 salariés en Allemagne, Suède, Pays-Bas et France), publié mardi 4 novembre, 22% des Français se plaignent de leur environnement de travail, quand 91 % des Néerlandais et 88 % des Britanniques l’apprécient.
« Le mécontentement vient des open space, ces bureaux ouverts », explique Alain d’Iribarne, responsable du conseil scientifique d’Actineo. À l’origine de la grogne: les nuisances sonores, qui perturbent 52 % des salariés, l’aménagement de l’espace (un problème pour 39 % des Français et 56 % des salariés en open space) et même l’air qu’ils respirent (32 %).
La marque d’une organisation du travail
Les open space, où les pools de dactylos tapaient à la machine sans relâche dans une salle immense sous l’œil d’un contremaître, ont été remis au goût du jour à la fin des années 1970. D’abord aux États-Unis et aux Pays-Bas, puis un peu partout en Europe, plébiscités par les aménageurs de bureaux en mal de mètres carrés.
La France fait pourtant partie des pays où persistent les bureaux individuels : un tiers des actifs en sont équipés quand 3 salariés sur 4 au Royaume-Uni travaillent dans des bureaux collectifs. Les Suédois et les Néerlandais sont allés plus loin encore en supprimant les bureaux attitrés : 21 % et 17 % font du «desk sharing».
La France affiche un « refus net » des open space, note M. d’Iribane. Mais au-delà du bruit ou de la promiscuité avec les collègues, le scientifique voit dans cette résistance la marque d’une organisation du travail fondée sur l’affrontement où la notion de hiérarchie et de ses attributs (un bureau isolé) reste prégnante.
« Les Français sont attachés aux signes statutaires et les cadres intermédiaires en open space ont un sentiment de déclassement », note M. d’Iribarne.
Via Le Monde Economie