« Toxic management », plongée dans les dérives d’une entreprise libérée

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Dans ce livre-témoignage, l’auteur raconte les dérives d’un grand groupe industriel aux méthodes de management marginales. Une plongée éreintante à travers les risques psycho-sociaux d’une entreprise qui croit pourtant en la validité de son modèle.

Toxic management - Thibaud Briere

La face sombre d’une entreprise dite « libérée« , « sans hiérarchie« , « sans ordre« , « où chacun est son propre patron« , le philosophe Thibaud Brière l’a vécue et en raconte la douloureuse expérience dans un livre au titre évocateur, « Toxic management ». Publié le 28 octobre dernier chez Robert Laffont, ce récit de 270 pages nous plonge dans le quotidien d’un grand groupe industriel tricolore, « Gadama Inc. », dont le nom est fictif mais l’existence bien réelle. Considérée comme une référence en matière de « management concertatif« , « Gadama Inc. » est dirigée par un PDG (désigné dans le livre par l’expression « Père fondateur ») convaincu d’être le porteur de la philosophie managériale du futur.

En acceptant ce poste de « philosophe d’entreprise », l’auteur « veut donner sa chance au produit » selon ses mots. Hiérarchiquement rattaché au PDG, son rôle principal est d’identifier les valeurs de l’entreprise, les transmettre aux collaborateurs mais aussi de les communiquer à l’extérieur auprès des journalistes, chercheurs et cercles de dirigeants. De par sa fonction, il participe aux conseils d’administration, aux comités de direction, aux formations destinées aux techniciens et managers, et ceci, dans toutes les enseignes et filiales du groupe.

Climat délétère

En théorie, l’ambition de « Gadama Inc. » est de traduire le concept de « démocratie participative » dans son fonctionnement. Selon l’ex-philosophe d’entreprise, les collaborateurs sont réunis au sein de « business units » autonomes dans leur gestion et libres de choisir leur stratégie de développement. Un manager est censé animer chaque groupe « sans dispenser d’ordre » mais plutôt en incitant ses collègues « à trouver par eux-mêmes des solutions » et à se dépasser comme s’ils étaient « leur propre patron ». Le but de cette organisation plus « agile » : être plus efficace, permettre aux collaborateurs de « se sentir libre dans leur travail » et in fine, maximiser la performance de la société.

Mais ce but n’est atteignable qu’au prix de certaines méthodes selon Thibaud Brière : « À commencer par la transparence radicale qui se traduit dans le fait que chaque salarié fasse ouvertement son autocritique en réunion et donne son avis sur le travail de ses collègues. Le tout est systématiquement noté dans un compte-rendu envoyé à la direction. Les coulisses n’existent plus et les collaborateurs s’autocontrôlent les uns les autres, dans un climat de suspicion. Pour moi, ce système est en fait une véritable mise sous emprise psychologique. La plupart des salariés ne s’en rendent pas compte ou sont tétanisés à l’idée de le remettre en question. »

Lire la suite, « Prise de conscience« , sur le site www.novethic.fr


Thibaud Briere, Toxic management. Le témoignage glaçant sur la manipulation en entreprise, Robert Laffont, 2021.

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