Qu’y a-t-il de commun entre un chômeur de longue durée espagnol, un jeune peu qualifié à la recherche d’un premier emploi en France, un travailleur pauvre britannique, un précaire allemand, un habitant des favelas de Rio ou des bidonvilles de Bombay, et un paysan sans terre de Madagascar ?
Ils font tous partie des superflus, des inexploitables, des exclus, des hommes et des femmes inutiles aux autres et à eux-mêmes, car condamnés à survivre de l’assistance (publique ou familiale) et privés de moyens d’améliorer leur sort.
Dix-neuf ans après la publication de L’Inégalité du monde (Folio, 1996), un livre fondateur dans lequel il prédisait que la globalisation accélérerait le rattrapage des « pays à bas salaires et à capacités technologiques », réduirait les inégalités entre les pays, mais accroîtrait les inégalités internes de revenus et laminerait les classes moyennes des pays riches, Pierre-Noël Giraud, professeur d’économie à Mines-ParisTech et à Dauphine, revient dans L’Homme inutile (Odile Jacob, 402 pages, 23,90 euros) sur son sujet de prédilection. La figure des « damnés de la terre ?» a changé, explique-t-il. Les colonisés et les surexploités des XIXe et XXe siècles ont cédé la place, au XXIe, aux hommes inutiles.
Une forme « particulièrement grave » d’inégalité
«?L’inutilité est une forme particulièrement grave et résistante d’inégalité parce qu’elle enferme dans des trappes d’où il est très difficile de sortir », insiste l’économiste.
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