Lors de la cérémonie de remise du prix du livre RH 2015, mardi 29 septembre au Monde, le sociologue Guy Jobert, dont le dernier ouvrage était nominé, a expliqué son propos sur « la dynamique de la reconnaissance du travail et sa contribution à l’entreprise », devant un parterre de DRH captivés
À l’origine de ce livre, il y a une enquête menée auprès des agents de conduite de centrales nucléaires, au milieu des années 1990. Si Guy Jobert s’est décidé à publier tardivement ses résultats, c’est explique-t-il parce que « les questions qu’il aborde, loin d’avoir vieilli, sont tout au contraire devenues d’une grande actualité ». Grâce, en particulier, aux travaux de Christophe Dejours, spécialiste de psychologie du travail, ou encore du sociologue allemand Axel Honneth, auxquels l’auteur fait référence, la souffrance au travail et le besoin de reconnaissance sont devenus des sujets de réflexion de premier plan.
Ceux qui ont regardé la série Les Simpson, dont le héros Homer, inspecteur de la sécurité dans une centrale nucléaire, provoque des catastrophes en série, imaginent combien la fonction d’agent de conduite dans l’industrie nucléaire est cruciale.
Ces agents sont chargés à la fois de la production de l’électricité et de la sûreté des installations. Un peu comme les conducteurs de TGV à la SNCF, ils occupent une place enviable dans la hiérarchie de l’entreprise.
De l’extérieur, ils apparaissent comme un « groupe fusionnel, crispé sur ses privilèges ». Or ce qu’entend le sociologue, de l’intérieur, c’est une « plainte lancinante et paradoxale ». Une plainte qui, dit-il, a un sens, et qui exprime une souffrance, dont la source doit être recherchée du côté du « manque de reconnaissance de leur contribution ».
De ses observations sur le terrain, l’auteur aujourd’hui membre du Centre de recherche sur le travail et le développement (CRTD) dégage plusieurs lignes de force. D’abord, le travail occupe aujourd’hui une place énorme dans la construction de notre identité. En travaillant, nous n’accomplissons pas seulement une tâche. Nous existons aussi « personnellement », affirme le sociologue.
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