La Fédération varoise s’insurge ce lundi contre une reprise prématuré de l’activité vantée par Muriel Pénicaud alors que la profession attend toujours le « Guide des bonnes pratiques sanitaires » promis.
« Chantage scandaleux »
Une pression inadmissible est en train de monter. La priorité doit rester la sécurité et la protection de la santé des salariés! ».
Doux euphémisme que de dire que les entreprises du Bâtiment et des Travaux Publics sont en rogne.
En cause, les propos de la Ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui, le 21 mars dernier, encourageait « la continuité de l’activité du secteur et la poursuite des chantiers ».
Une posture « scandaleuse », pour Jean-Jacques Castillon, président de la Fédération du BTP du Var et dirigeant de l’entreprise familiale SNTC à Salernes.
« Hors de question que les braves soldats que nous sommes se sacrifient pour relancer la machine et pérenniser le système », clame haut et fort, de son côté, un salarié.
Dans l’attente d’un « guide »
« C’est un chantage qui va à l’encontre de ce qui est préconisé à l’échelle du pays », renchérit M. Castillon.
Et surtout, c’est une mesure qui est loin de se faire en un claquement de doigts étant donné le contexte actuel…
Si les chantiers ont pu être fermés et mis en sécurité dans l’urgence en
quelques heures pour respecter la consigne présidentielle de
confinement du 16 mars, le retour des toupies béton, compte tenu des
contraintes nouvellement édictées, répond à un schéma très complexe de
sécurité.
Surtout lorsqu’en plus aucun équipement de protection n’est disponible et que toute l’activité économique est à l’arrêt.
Si un « Guide des bonnes pratiques sanitaires » normalement attendu ce
lundi est toujours en attente de validation par les ministères du
Travail et des Solidarités et de la Santé, sa publication « ne résoudra rien » insiste M. Castillon.
Les fournisseurs sont loin d’être ouverts, ou alors sous forme de drive,
et eux aussi sont confrontés à des problèmes d’approvisionnement
concernant leurs grossistes.
90?% des chantiers varois à l’arrêt
À l’heure actuelle, 10 à 15?% de l’activité habituelle du BTP serait maintenue dans le département et aucune « priorisation de chantier » n’a été décrétée par le préfet pour répondre aux recommandations de Muriel Pénicaud en matière de travaux publics.
« Les interventions s’effectuent uniquement dans le cadre des travaux
d’urgence pour lesquelles les entreprises assurent une astreinte
(maintenance de réseaux, de systèmes de chauffage, etc.) ou dans le
cadre de travaux, généralement privés, assurées par des petites
structures sans beaucoup de coactivité. L’isolement des ouvriers est
suffisamment assuré pour éviter leur mise en danger », souligne la fédération varoise qui représente 661 entreprises pour 7?050 salariés.
Dans la propre entreprise de Jean-Jacques Castillon l’activité est au point mort à 97?%. « Il ne subsiste qu’un peu de télétravail et les affaires courantes, comme les demandes de chômage partiel ».
Plus de permis!
Pour couronner le tout, la filière s’indignait cet après-midi au niveau national de soudaines ordonnances gouvernementales qui « aboutissent à ce qu’aucun permis de construire ou d’aménager ne soit délivré sur l’ensemble du territoire avant le 25 juin 2020. Les permis délivrés, y compris avant l’état d’urgence, ne seront quant à eux purgés de recours qu’au 25 octobre 2020. Ces mesures auront pour conséquence un coup d’arrêt brutal et inacceptable de la filière bâtiment pour les six prochains mois ».
Bref, reprise ou pas, le refrain à venir sera le même. « Laisse béton ».
Via le site www.varmatin.com