En reconnaissant le harcèlement moral institutionnel de l’entreprise France Télécom, le tribunal correctionnel de Paris ouvre la porte à d’autres demandes de réparations. Un risque qui pourrait s’élever à 2 milliards d’euros a minima pour Orange.
C’est une petite phrase passée relativement inaperçue qui pourrait coûter très cher à Orange. Au détour du jugement de 345 pages prononcé vendredi 20 décembre, les juges affirment que tous les membres du personnel de France Télécom salariés pendant la période de prévention retenue par le tribunal sont fondés à agir sans avoir à démontrer l’existence d’un préjudice particulier.
C’est donc potentiellement les 130.000 salariés en poste en France pendant le plan NExT du 1er janvier 2007 au 31 décembre 2008 qui pourraient avoir intérêt à agir. La base de réparation retenue allant de 10.000 jusqu’à 45.000 euros, c’est à 2 milliards d’euros minimum de demande de réparations potentielles auxquels est exposé Orange.
Risque potentiel
Le groupe, soucieux de tourner la page de cette affaire douloureuse qui a écorné son image, a annoncé dès la sortie du tribunal avoir renoncé à faire appel pour poursuivre « sa politique de renforcement du lien social dans l’entreprise au travers notamment d’un dialogue constructif et continu avec les organisations syndicales ».
Le risque est donc bien réel. Même si du côté des parties civiles qui avaient déposé des demandes de réparation on cherche à minimiser la menace : « c’est hypothétique. On estime que l’on a déjà informé tous les personnels concernés via les syndicats », indique Sylvie Topaloff, avocate de SUD PTT avec Jean-Paul Teissonnière.
« Politique d’entreprise jugée harcelante »
Au début du procès, les avocats du syndicat avaient annoncé le souhait de 118 salariés supplémentaires de se constituer parties civiles. Trente-neuf victimes avaient initialement été retenues par l’instruction.
« Ces 39 victimes ne sont que la partie émergée de l’iceberg », avait défendu Sylvie Topaloff, « car ce ne sont pas seulement 39 personnes qui ont été affectées par cette politique ». C’est en reconnaissant l’intérêt à agir de ces nouvelles victimes que le tribunal a ouvert la porte à d’autres réparations.
« Toute personne faisant partie d’une collectivité cible d’une politique d’entreprise jugée harcelante par son objet et les méthodes de sa mise en oeuvre a qualité pour intervenir au procès pénal, indépendamment de l’appréciation de son droit à réparation du dommage qui en aurait résulté. Il en est ainsi pour tout personnel en poste et ayant appartenu à la collectivité des employés de France Télécom, pendant tout ou partie de la période de prévention retenue par le tribunal », écrivent les juges ouvrant la porte à d’autres demandes de réparation.
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