Le suicide touche aussi les chefs d'entreprise

07 février 2014 | Suicide Au Travail

La crise économique met les chefs d’entreprise à rude épreuve. Selon l’Observatoire de la santé des dirigeants de PME, deux patrons se suicident chaque jour.

Les vagues de suicides chez Renault, France Télécom ou la Poste ont mis en lumière l’impact des conditions de travail sur la santé mentale des salariés. Mais le suicide des patrons reste une réalité peu connue. Très peu d’études ont été réalisées sur le sujet, quand nombre se consacrent aux risques psychosociaux qu’encourent les salariés. Elles attestent par exemple depuis longtemps que les ouvriers et les employés sont plus exposés que les cadres ou encore que les professions médicales sont plus sujettes aux troubles dépressifs. Dans l’opinion publique, le chef d’entreprise est rarement dépeint comme une victime. Et pourtant, confrontés à une charge de travail plus importante que la plupart des salariés et mis à rude épreuve par la crise économique, ils seraient, selon les calculs de l’Observatoire de la santé des dirigeants de PME, un à deux à se suicider chaque jour. Chez les agriculteurs, dont l’activité est de surcroît solitaire, le suicide est la troisème cause de mortalité après le cancer et les maladies cardio-vasculaires.
S’ils se déclarent globalement en meilleure santé que les salariés, ils peuvent être déstabilisés par un événement soudain, comme la perte d’un gros client, la nécessité de licencier, et se trouver alors confrontés à des envies suicidaires. «Qu’il survienne un imprévu majeur, et la bonne santé peut se transformer rapidement en une situation délétère. À la puissance de l’homme ou de la femme indépendant et autonome peuvent parfois succéder le sentiment de l’impuissance soudaine, d’autant plus ravageur que l’on ne s’est pas psychiquement préparé à l’échec ou à un événement traumatique», explique Olivier Torrès, professeur à l’Université de Montpellier et à l’EM Lyon, dans son livre «La santé du dirigeant». «Un impayé massif, la perte soudaine d’un gros client, un accident mortel d’un salarié au travail, l’obligation de licencier plusieurs collaborateurs… feront perdre à l’entrepreneur ses envies, ses moyens et son assurance», explique-t-il.

Exposition plus forte au burn-out

Ainsi de Marc, quinquagénaire à la tête d’une PME du bâtiment, cité dans un article d’Olivier Torrès et Didier Chabaud, qui a perdu le sommeil parce que son carnet de commandes était au plus bas et sa trésorerie à sec, alors qu’il devait assurer la paie de ses 14 salariés. «En cas d’échec, les dirigeants subissent non seulement le dépôt de bilan, anéantissement de toute une vie de travail, mais aussi parfois la saisie de leur maison et de leurs biens personnels», rappelle Olivier Torrès. Or l’année 2013 s’est avérée record s’agissant des défaillances d’entreprises. Confrontés à un niveau de stress et de fatigue en moyenne supérieur à celui des salariés, les patrons sont aussi plus exposés au burn-out, en particulier lorsque leur entreprise est petite. Un phénomène d’autant moins visible que les patrons ont tendance à minimiser leurs problèmes de santé pour se conformer à l’image de «winners» qu’on leur asigne.
Retrouver l’article sur le site du Figaro

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