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Objectif
Recherche de liens entre conduites suicidaires et situations de travail à risque, pour contribuer aux actions de prévention du risque suicidaire dans les entreprises.
Méthode
Etude des cas de suicides ou tentatives connus de 17 médecins de Tours, dans le cadre d’un mémoire de D.U. Stress et Santé au travail (Université de Picardie, Amiens). Approche détaillée du contexte de travail des suicidants lors d’entretiens avec leur médecin du travail. Élaboration d’une grille d’analyse. Cotations (de 0 à 4) des éléments issus du modèle « demande-autonomie au travail » de Karasek et de l’investissement apparent dans le travail. Étude du contexte socioéconomique et du cadre temporel de la conduite suicidaire.
Résultats
Sur les 40 situations suicidaires inventoriées, seules 23, dont le contexte de travail était précisément connu, ont été retenues. Elles concernent 14 suicides (dont 3 sur le lieu de travail) et 9 tentatives (dont 3 sur le lieu de travail).
Si la demande psychologique au travail à laquelle sont soumises les personnes suicidantes est variable, le soutien de la hiérarchie apparaît très faible dans la plupart des cas d’actes suicidaires, notamment pour les tentatives sur le lieu de travail. Au contraire, le soutien des collègues est souvent présent.
La latitude décisionnelle des personnes suicidées est variable. Cependant, pour les personnes ayant effectué une tentative sur le lieu de travail, elle apparaît très faible.
La majorité des parcours des suicidants (suicides aboutis ou tentatives) présentaient un très fort investissement personnel dans le travail.
Dans 12 cas sur 23, il existait un contexte de crise socioéconomique (restructuration, plan social, changement de dirigeant, incertitude sur l’avenir de l’emploi) dans l’entreprise. Dans 14 cas, il existait un dysfonctionnement du management.
Dans 9 cas sur 23, l’évènement suicidaire s’est produit un lundi. La question se pose du rôle du retour au travail dans un milieu délétère comme facteur déclenchant de l’acte.
L’âge des personnes suicidaires est plus élevé que la moyenne (39 ans) des salariés suivis par le service interentreprises. L’âge moyen au moment de l’acte suicidaire est de 44 ans pour les suicides aboutis et de 50 ans pour les tentatives.