Violences conjugales : dans les coulisses du 3919

Harcèlement Sexuel

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Elles sont de plus en plus nombreuses à appeler le numéro dédié aux violences faites aux femmes. Au bout du fil, des écoutantes, inconnues du grand public, leur viennent en aide.

«Bonjour madame, vous avez appelé le 3919 violences femmes info pour des problèmes avec votre conjoint, je vous écoute». Casque-micro sur la tête, stylo en main, les 26 écoutantes de cette plateforme téléphonique aident chaque jour des femmes de toute la France «à sortir du cycle infernal de la violence conjugale». Nichée dans le XIXe arrondissement de Paris, la plateforme du 3919, gérée par la Fédération nationale solidarité femmes, est ouverte de 9h à 22h, 7 jours sur 7. Ici, pas d’open space, ni de grands locaux. Juste un couloir qui dessert plusieurs bureaux abritant trois postes d’écoute chacun.
Derrière les vitres de ces boxs, on distingue les visages attentifs des écoutantes et leurs voix rassurantes. Psychologue, assistante sociale, éducatrice spécialisée… elles sont toutes issues du secteur social. Carole, une écoutante de 50 ans, fait ce métier depuis 2007. Au fil des années, cette éducatrice spécialisée a appris à déceler les situations de violences conjugales même quand elles sont tues. «Certaines disent qu’elles appellent pour une amie, d’autres évitent de parler des coups que leur porte leur conjoint… Mais j’arrive à détecter l’implicite, rien qu’à l’oreille, en fonction de l’intonation de la voix».
Des appels intraçables et complètement anonymes
A l’autre bout du couloir, Adrien Ricciardelli, le responsable du centre, s’active. «Il est 16h00 et on est déjà à 350 appels là, c’est une grosse journée», s’exclame-t-il, un œil sur l’ordinateur, un autre sur son téléphone. Depuis le début de l’année, le nombre des appels a considérablement augmenté. «On devrait atteindre les 72.000 appels d’ici la fin 2014 contre 47.380 en 2013», explique-t-il. En cause ? L’amélioration des services du 3919. Les missions dévolues à la plateforme d’écoute jusqu’ici réservée aux violences conjugales se sont élargies. «Nous traitons toutes les formes de violences et redirigeons les demandes vers d’autres centres d’écoute, selon les situations qui se présentent».
Autre nouveauté de cette année: le numéro composé par des milliers de femmes est devenu gratuit depuis les mobiles et les appels sont désormais intraçables. Ils n’apparaissent plus dans l’historique des téléphones, ni sur les factures. «Du coup, l’anonymat est complètement garanti et elles ont moins peur de franchir le pas», ajoute le directeur de la plateforme qui rappelle que le 3919 n’est pas un numéro d’urgence, mais bien un «espace d’écoute». «En cas d’urgence, il faut appeler la police (le 17) ou le Samu (le 15)», insiste-t-il.
Violences sexuelles, économiques, administratives…
Au bout du fil, pas de profil-type. Ce sont des femmes de tous âges, issues de tous les milieux socioprofessionnels, maltraitées par leur conjoint ou leur petit-ami. «Ça peut être des chefs d’entreprise, des femmes lucides, érudites qui exercent parfois d’importantes responsabilités dans de grandes entreprises», raconte Carole. Généralement, elles appellent après une scène de violences. «La partie la plus importante de mon travail consiste à les écouter, à remettre en ordre le fil de leur histoire pour pouvoir les conseiller au mieux avant de les orienter vers une association locale qui pourra assurer leur prise en charge sur place», explique l’écoutante, assise derrière son bureau. Elle reçoit environ neuf appels par jour. Chaque entretien dure en moyenne 20 à 30 minutes.
«Elles font souvent face à un homme pervers et manipulateur qui les humilie et exerce une emprise sur elles», constate l’éducatrice spécialisée qui rappelle que les victimes ne sont pas que des femmes battues. La violence peut être aussi psychologique, verbale, sexuelle, administrative et économique. Elle se souvient par exemple de cette femme dont le mari avait contracté plusieurs crédits à son nom et qui s’était retrouvée complètement endettée. Ou d’une autre qui s’était vue confisquer ses papiers d’identité par son conjoint. «Du compte en banque au réfrigérateur, ces hommes contrôlent toute leur vie», résume-t-elle.
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