Des collectifs de soignants et de patients, des chercheurs se sont réunis afin de repenser la gouvernance de l’hôpital en partant du travail et des capacités d’auto-organisation déployées pendant l’épidémie. Mais la persistance de conditions de travail dégradées a embolisé la réflexion.
Le samedi 10 octobre dernier, plusieurs collectifs hospitaliers, mais aussi des chercheurs, des économistes et des associations de patients se sont retrouvés à Montreuil (Seine-Saint-Denis), dans le cadre d’un « atelier de travail et de réflexion démocratique et populaire pour la refondation du service public hospitalier ». L’un de leurs objectifs était de remettre en discussion les expériences d’autonomie vécues par certains professionnels lors de la première vague épidémique de Covid-19. Comme Santé & Travail en a rendu compte, des équipes hospitalières, libérées un temps du carcan administratif et des impératifs gestionnaires, ont pu alors, ici ou là, s’auto-organiser et retrouver des marges de manœuvre pour assurer la prise en charge des malades. Une parenthèse brutalement refermée depuis, mais sur laquelle les organisateurs de l’atelier souhaitaient s’appuyer pour repenser la gouvernance des hôpitaux.
Une administration qui ne lâche rien
Les échanges de samedi ont néanmoins davantage témoigné du caractère fragile et limité de ces expériences d’autonomie, laissant place à l’expression d’un véritable désarroi, voire d’une colère, face à ce qui est souvent qualifié de « retour à l’anormal ». Les médecins réanimateurs, en première ligne pour la prise en charge des malades graves, n’ont pas caché leur amertume. Stéphane Dauger, chef du service de réanimation pédiatrique à l’hôpital parisien Robert-Debré et membre du collectif inter-hôpitaux (CIH), a ainsi raconté comment son équipe s’était organisée pour venir en renfort de la réanimation pour adultes, débordée. « Nous sortions de l’épidémie de bronchiolite, nous avons décidé nous-mêmes d’accueillir des patients adultes puisque nous avions des lits disponibles », relate-t-il. Mais l’administration, qui dans un premier temps avait suivi cette initiative, a décidé du jour au lendemain d’y mettre fin. Les malades ont été transférés dans d’autres hôpitaux. « Une personne âgée est décédé six heures après son transfert », déplore le médecin réanimateur.
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