Qui travaille davantage – et plus efficacement – en Europe ?

Emploi et Chômage

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Les Français quand ils ne sont pas en grève, c’est qu’ils sont en congés et quand, par miracle, ils travaillent c’est moins que les autres. La première assertion n’est pas totalement dénuée de fondement, la deuxième est à relativiser, la troisième est complétement fausse.

Les travailleurs français champions de la grève ? Il y a sur ce sujet un faisceau d’indices concordants, au moins, pour les placer dans le peloton de tête. Selon l’institut économique allemand IW le nombre de jours de grève pour 1 000 employés s’est élevé à 123 en moyenne par an en France entre 2007 et 2016, ce qui la place en première position devant le Danemark qui suit de près. Un cran en dessous, la Belgique fait partie du trio de tête. L’Espagne, la Norvège la Finlande et l’Irlande complètent le top 7. C’est surprenant, mais les pays scandinaves pourtant réputés pour leur modèle social figurent parmi les plus grévistes d’Europe.
Ces résultats diffèrent quelque peu de ceux d’une autre étude publiée par l’Institut Syndical Européen qui place Chypre très largement en tête sur la période 2010-2017, devant la France dont le total bouge finalement assez peu avec 125 jours de grève pour 1 000 employés et la Belgique qui complète une fois de plus le podium. Trois pays nordiques intègrent à nouveau ce top 7 européen. Les périodes de référence jouent incontestablement un rôle dans ces variations, les pays enregistrant de forts écarts d’une année sur l’autre. A cela s’ajoute des différences de méthodologie dans les sources primaires et pour finir des pays où les données font défaut par périodes, Italie, Grèce, Portugal, pays qui ont connu de nombreux conflits sociaux provoqués par les politiques d’austérité après la récession de 2008. Si les comparaisons internationales s’avèrent périlleuses, la France est néanmoins, sans contestation possible, en haut de classement.
En revanche, concernant, les congés et jours fériés, elle ne se démarque pas des autres grandes économies européennes, avec 36 jours de congés payés et fériés les Français ne sont pas particulièrement mieux lotis que leurs principaux homologues européens et se situent au même niveau que les Espagnols et les Britanniques.

Le temps de travail

Reste le temps de travail. L’OCDE donne un indicateur global du nombre d’heures effectivement travaillées par an (éliminant les jours fériés, les congés annuels, les congés maladie, maternité, les grèves etc.) divisé par le nombre de moyen de personnes ayant un emploi, que ce soit comme salarié ou indépendant. Avec 1 520 heures travaillées en 2018, la France se situe au-dessus de la quasi-totalité des pays nordiques et de l’Allemagne qui est en dernière position avec 1 363 heures seulement. C’est environ 10% de moins. Le poids du temps partiel outre-Rhin et le développement des mini-jobs à durée réduite sont au cœur de cette différence. Devant la majorité des pays nordiques, mais derrière les pays du Sud qui trustent les premières places. Loin des clichés, les pays du « Club Med » sont ceux où les personnes en emploi travaillent le plus. Parce que le travail indépendant y est plus développé et que le poids des TPE-PME, structures qui dérogent bien souvent au droit du travail, est le plus élevé. Cela peut être aussi le signe d’un archaïsme productif, c’est pourquoi il faut s’attarder sur le niveau de productivité en écartant des pays tels que l’Irlande, le Luxembourg dont la richesse produite est à l’évidence faussée par leurs pratiques fiscales déloyales.
La France se place alors comme le pays le plus productif derrière l’Autriche et se situe plus de 8 points au-dessus de la moyenne de l’Eurozone. Parmi les grandes économies, l’Italie en 5ème position devance l’Allemagne 7ème et l’Espagne mais sont tous trois décrochées, la Grèce et le Portugal sont encore beaucoup plus loin. Dire que les travailleurs Français travaillent moins est donc faux, du moins lorsque l’on prend comme base ceux qui occupent effectivement un emploi.
En revanche, l’Hexagone est bien à la traîne sur le nombre d’heures travaillées par habitant, pour une bonne raison, sa démographie : la part des moins de 20 ans dans la population totale est de 24% contre 19% pour le reste de la zone euro et 18% en Allemagne et par définition cette population ne travaille pas encore. Mais aussi parce que les carrières sont plus courtes 35,4 années contre 38,7 en Allemagne par exemple et que le taux de chômage est plus élevé. Mais ni les grèves, ni les congés, ni la durée hebdomadaire du temps de travail ne sont en cause… ce sont de faux coupables.
Via le site www.xerficanal.com

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