Pas de protection supplémentaire pour les travailleurs de l’amiante

Crimes Industriels

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Le 1er juillet aurait dû marquer un tournant dans la protection des travailleurs de l’amiante, ceux qui effectuent des opérations de retrait ou qui réalisent des interventions risquant de provoquer l’émission de fibres.

Il était prévu, selon un décret de 2012, d’abaisser, à partir de cette date, la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) de 100 fibres par litre d’air à 10 fibres, en moyenne sur huit heures de travail. Cette disposition est bien entrée en vigueur.
Cependant, cet abaissement aurait dû, logiquement, imposer de diviser par dix aussi le niveau d’empoussièrement réglementaire mesuré sur place, qui détermine le choix des protections individuelles, tels que les masques respiratoires, afin de s’assurer que ces derniers sont suffisamment performants pour garantir que la VLEP n’est pas dépassée.
« Danger grave et imminent »
Or, dans le décret du 29 juin, applicable à partir du 2 juillet, il n’en est rien. Même s’il précise que l’employeur doit mettre à disposition des travailleurs des équipements individuels adaptés « assurant le respect de la valeur limite d’exposition professionnelle », les trois niveaux existants d’empoussièrement sont maintenus : valeur inférieure à 100 fibres par litre d’air, supérieure ou égale à 100 fibres et inférieure à 6 000 et enfin supérieure ou égale à 6 000 fibres et inférieure à 25 000.
Le ministère du travail avait certes annoncé précédemment que ces trois niveaux seraient maintenus de manière transitoire jusqu’à fin 2015, dans l’attente des résultats d’une étude de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS). Selon Le Moniteur du 1er juillet, les résultats de cette étude auraient dû être livrés fin 2014, mais celle-ci aurait pris un an de retard.
Or, la situation sur le terrain n’est pas bonne. Notamment pour les travailleurs affectés au retrait de certains plâtres amiantés, qui sont dans une situation de « danger grave et imminent », selon l’Association nationale de défense des victimes de l’amiante (Andeva).
Empoussièrements « supérieurs à la valeur réglementaire »
Cette dernière indique s’être procurée un rapport classé confidentiel de l’INRS, qui « révèle d’énormes concentrations de fibres dans les chantiers de retrait de plâtres amiantés de type progypsol ».
Ces mesures, réalisées à toutes les phases du retrait d’un enduit de plâtre amianté, ont été faites « en microscopie électronique non seulement dans la zone de travail mais aussi à l’intérieur du masque de trois opérateurs », précise l’Andeva.
Ces opérations ont généré, selon le rapport cité par l’Andeva « des empoussièrements supérieurs à la valeur réglementaire de 25 000 fibres par litre dans 50 % des cas. Les prélèvements à l’intérieur des masques respiratoires indiquent également des valeurs élevées, pour certaines supérieures à 100 fibres par litre ».

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