La névrose traumatique et le PTSD au travail

Mise à jour le 24 septembre 2024

La névrose traumatique et le syndrome de stress post-traumatique sont des tableaux cliniques fréquents chez les travailleurs en souffrance au travail. Quels en sont les symptômes psychologiques, cognitifs, et physiologiques?

La névrose traumatique

La névrose traumatique et le PTSD peuvent être possible dès le début de l’entretien si le patient est encore en situation de maltraitance au travail. L’effraction psychique peut resurgir avec l’évocation de l’activité de travail.

Si le procédé de maltraitance perdure et si un réseau de coopération ne se crée pas autour du salarié concerné, les signes cliniques apparaissent. La forme la plus grave correspond au tableau de névrose traumatique et s’apparente au syndrome de stress post-traumatique.

La névrose traumatique survient dans des situations où le sujet vit une menace, réelle ou ressentie, contre son intégrité physique ou psychique. Elle correspond à un débordement de l’appareil psychique qui pris par surprise, ne peut solliciter des mécanismes de défense adéquats.

Il existe pour chacun d’entre nous des circonstances spécifiques capables en raison de leur signification, de déclencher une névrose traumatique. Il n’y a pas de proportionnalité objective entre la gravité de la situation et la gravité du tableau clinique.

La névrose traumatique se caractérise par son début, dans les suites immédiates de la situation de travail ayant valeur de traumatisme.

Tableau clinique de névrose traumatique ou de stress post-traumatique (PTSD dans le DSM IV)

Le tableau psychologique

  • L’angoisse du patient harcelé est subaiguë avec des manifestations physiques : tachycardie, tremblements, sueurs, boule œsophagienne.
  • Affects de peur ou de terreur sur le chemin du travail, état de qui-vive
  • Le retour en boucle des scènes traumatisantes s’impose au patient et les lui fait revivre.
  • Les attaques d’angoisse surgissent spontanément, déclenchées par une perception analogique avec tel ou tel détail cardinal de la scène traumatique. : Bruit, couleur du mur, mimique d’une personne présente, odeur particulière.
  • Les cauchemars intrusifs apparaissent, entraînant le réveil immédiat en sueurs, en criant.
  • L’insomnie réactionnelle devient le moyen de bloquer la survenue des cauchemars intrusifs. L’insomnie, la fatigue, la lutte contre les crises d’angoisse génèrent un repli social, affectif et sexuel majeur, une altération progressive de l’état général, sur tous ses versants, somatique, cognitif, psychique.
  • Pleurs fréquents
  • Restriction de la vie sociale et affective
  • Dépression

Les symptômes cognitifs de la névrose traumatique

Les atteintes cognitives sont toujours présentes :

  • perte de mémoire,
  • troubles de concentration, de logique.

L’atteinte psychique

Les atteintes psychiques entraînent :

  • la perte de l’estime de soi,
  • un sentiment de dévalorisation,
  • de perte de ses compétences,
  • un sentiment de culpabilité,
  • une position défensive de justification,
  • un effondrement anxio-dépressif, pouvant mener à un état d’angoisse paroxystique à évolution suicidaire.
  • Raptus suicidaire

Les atteintes somatiques de la névrose traumatique

Les atteintes somatiques sont le signe de l’atteinte des défenses immunitaires après l’effondrement des défenses psychiques. Elles sont de gravité croissante suivant la durée de la situation :

  • perte ou prise de poids importantes,
  • atteintes de la sphère digestive,
  • atteintes de la sphère cardiaque,
  • atteinte de la sphère gynécologique chez les femmes (aménorrhées, métrorragies, plus graves encore, cancers du col, de l’ovaire, de l’utérus.)

Dans la perspective psychosomatique, la décompensation témoigne généralement de la faillite des possibilités de représentation, du débordement des capacités de liaison de la psyché, d’une situation d’impasse pour le sujet.

« La somatisation est le processus par lequel un conflit qui ne peut trouver d’issue mentale, va déclencher dans le corps des désordres endocrino-métaboliques, point de départ d’une maladie organique ».

  • Désarroi identitaire spécifique pour les patients subissant des situations professionnelles contradictoires où leurs difficultés de terrain n’ont pu remonter dans la hiérarchie, être reconnues et mises en débat jusqu’au traumatisme : altération des repères moraux, le vrai et le faux, le juste et l’injuste, le bien et le mal.
  • Répression de l’agressivité réactionnelle.

Trouble de stress post traumatique (Posttraumatic Stress Disorder) (DSM IV)

A. La personne a été exposée à un évènement traumatique dans lequel les 2 éléments suivants étaient présents:

  • la personne a expérimenté, était témoin, ou a été confrontée à un évènement ou des évènements qui impliquent réelles ou menaces de mort ou blessure réelle, ou menace à son intégrité physique de soi-même ou d’autres;
  • La réaction de la personne a impliqué une peur intense, impuissance ou horreur.

Note : Pour les enfants, cela peut se manifester par des comportements désorganisés ou agités.

B. L’événement traumatique est ré expérimenté de façon persistante dans une (ou plus) des façons suivantes:

  • Souvenirs de l’évènement récurrent et envahissant, incluant images, pensées, ou perceptions.

Note : Pour les jeunes enfants, la répétition d’une jeu peut apparaître dans lesquels les thèmes ou aspects du traumatismes sont exprimés.

  • Rêves pénibles et récurrents sur l’évènement.

Note : Pour les enfants, cela peut être des cauchemars sans contenu reconnaissable.

  • Agir ou se sentir comme si l’évènement traumatique était récurrent (inclue la sensation de revivre l’expérience, illusions, hallucinations, et épisodes de flash-back dissociatif, incluant ceux qui se produisent durant l’éveil ou lors d’ivresse).

Note : Pour les jeunes enfants, une reconstitution du trauma spécifique peut se produire.

  • Détresse psychologique intense à l’exposition de signaux externes ou internes qui symbolisent ou ressemblent à un aspect de l’évènement traumatique.
  • Réactions physiologiques à l’exposition de signaux externes ou internes qui symbolisent ou ressemblent à un aspect de l’évènement traumatique.

C. Refus persistant de stimuli associés au traumatisme (non pressent avant le traumatisme), comme indiqué par trois (ou plus) des symptômes suivants :

  • efforts pour éviter les pensées, impressions ou conversations associées au traumatisme
  • efforts pour éviter des activités, endroits, ou personnes qui éveillent des souvenirs du traumatisme
  • incapacité à se remémorer un aspect important du traumatisme
  • diminution marquée de l’insert ou de la participation à des activités significatives
  • sentiment de détachement ou de séparation des autres
  • gamme réduite d’affect (ex., incapable d’avoir des sentiments amoureux)
  • sentiment de futur raccourci (ex., n’aspire pas à une carrière, mariage, enfants, ou une vie normale)

D. Symptômes persistants d’excitation accrue (non présent avant le trauma), comme indiqué par deux (ou plus) des symptômes suivants:

  • difficulté à s’endormir ou rester endormi
  • irritabilité ou crises de colère
  • difficulté à se concentrer
  • hyper vigilance
  • réaction effrayées exacerbés

E. Durée du trouble (symptômes des Critères B, C, et D) est plus d’un mois.

F. Le trouble entraîne une détresse cliniquement significative ou des troubles en société, professionnel, ou autres domaines de fonctionnement.

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