élaboré par Marie PEZE
Vous souffrez au travail, et vous vous demandez si vous êtes en burnout? Faites le point avec notre questionnaire d’auto-évaluation de l’épuisement professionnel, et n’hésitez pas à le partager avec votre médecin traitant.
Table des matières
- Introduction: un questionnaire pour les cliniciens et pour les patients
- Une manière de travailler
- La surchauffe
- Le stress chronique
- L’engrenage
- La désocialisation
- Les signaux forts : les troubles et lésions
- L’isolement
- Le recours aux expédients
- La désillusion
- L’effondrement
- Savez-vous que vous pouvez soutenir Souffrance & Travail ?
Introduction: un questionnaire pour les cliniciens et pour les patients
Le burn-out est encore trop souvent renvoyé à des caractéristiques personnelles, surinvestissement du travail, terrain addictif, besoin excessif de reconnaissance, engluant le salarié dans sa culpabilité individuelle, exonérant les organisations du travail de leur obligation de préserver la santé des salariés (L 4121-1 à L 4121-5 du Code du travail).
La conscience professionnelle, autrefois vertu majeure, est-elle devenue une pathologie ? Vouloir bien faire son travail en ayant le temps, les moyens, les objectifs relève-t-il d’un idéal névrotique ? Le burn-out est appréhendé comme un drame de l’insuffisance individuelle alors qu’il relève d’une pathologie sociale, voire de civilisation.
Le test de propagation n’est pas une échelle d’autoévaluation chiffrée dont raffolent les médecins, de par leur formation scientifique. C’est un parcours clinique permettant, au fils des cases, de mesurer les modifications souvent infraliminaires, subreptices, dans sa vie professionnelle comme dans sa vie privée, qui font évoluer un salarié vers l’épuisement.
Une manière de travailler
Vous aimez votre travail et vous ne comptez pas trop votre temps et votre investissement.
Vous voulez que les choses soient bien faites.
On peut compter sur vous.
Les valeurs du travail bien fait, de l’engagement, de l’utilité sociale sont ancrées en vous par votre éducation familiale ou par des expériences de vie qui vous en ont démontré l’importance.
Vous voulez réussir socialement par votre travail parce que votre milieu d’origine a été source d’épanouissement et que vous voulez vous y maintenir, ou bien de souffrance sociale que vous ne voulez plus retraverser.
Vous voulez vous extraire de la masse, être reconnu, et même être le meilleur.
Vous êtes un bon petit soldat, vous participez au travail collectif de votre entreprise ou de votre institution, vous êtes fier d’en « être », la renommée de votre employeur fait un peu la vôtre.
Vous n’avez pas de notion ou de compréhension particulière de ce que l’on appelle les organisations du travail. Les acteurs prévus par la loi pour vous aider sont perçus par vous au travers de stéréotypes : le médecin du travail est plus ou moins à la solde de l’employeur, les syndicats en font trop ou pas assez, le CHSCT, vous ne savez pas trop ce que c’est, ni à quoi ça sert.
Vous n’avez de contact qu’avec votre hiérarchie et le service RH et c’est à eux que vous obéissez.
La surchauffe
La surchauffe et les premières contradictions et impasses que l’organisation du travail sait retourner contre celui qui ne sait pas s’organiser, ou hiérarchiser ses tâches. On ne devrait pas entrer dans le monde du travail sans connaissance sur ses droits, ses devoirs et les nouvelles organisations du travail !
Vous savez que depuis quelques temps vous manquez d’effectif, de moyens et de temps pour faire votre travail, mais vous faites avec.
Depuis quelques temps quand même, vous ressentez de plus en plus de difficultés pour accomplir tout votre travail
Vous rentrez chez vous soucieux de ne pas être à jour, en sachant que ce qui n’a pas été fait aujourd’hui va se rajouter à la charge de demain
Vous ne dormez plus vraiment sur vos deux oreilles
Vous essayez, quand c’est trop difficile, de faire remonter vos difficultés auprès de votre encadrement mais ils vous répondent que c’est comme ça et qu’on ne peut pas faire autrement. Que c’est temporaire, un simple coup de collier à donner.
Comme ça dure, vous en reparlez et là on vous répond que vous devez mieux définir vos priorités, hiérarchiser vos tâches.
Du coup, vous vous sentez bien seul
Avec le discours qu’on vous renvoie, vous avez l’impression de ne pas être à la hauteur de ce qu’on attend de vous. Vous vous dites que c’est vous qui n’en faites pas assez, ou pas assez bien.
Vous commencez à vous sentir coupable de ne pas y arriver.
Vous avez un peu peur pour votre boulot
Vous décidez donc de faire des efforts pour vous mettre à jour. Vous arrivez plus tôt, vous restez plus tard, vous poussez la machine.
Vous travaillez chez vous le soir, les week-ends.
Mais même avec tous ces efforts, vous n’arrivez plus à vous mettre à jour
Le stress chronique
Au bout de six mois, le stress chronique. Comme pour le tableau douloureux chronique, au bout de six mois de stress continu, l’organisme est entamé dans toutes ses fonctions. Un salarié averti peut aller voir le médecin du travail, son syndicat pour évoquer la situation. Il ne faut pas tenter de tenir à tout prix, dans une posture héroïque.
Votre capacité d’attention et de concentration est saturée, vous n’imprimez plus tout ce que vous devez retenir.
Il vous faut plus de temps pour tout faire, ça devient un cercle vicieux
Vous avez de plus en plus souvent mal au crane, à la nuque,..
Vous commencez à avoir mal de ci de là, puis bientôt vous avez mal partout
Vous êtes une boule de muscles endoloris et de tensions
Vous avez la vue éblouie devant votre écran où vous passez des heures
Vous avez mal aux yeux
Vous avez la vue qui se trouble
Vous devez faire changer vos lunettes
Tout commence à vous agacer, le manager qui vous demande de faire des choses en plus, vos collègues qui ne vont pas assez vite et qui bloquent votre travail
Vous êtes plus irritable, impatient
Vous avez du mal à trouver le sommeil quand vous vous couchez car vous surfonctionnez tellement pendant la journée, que le soir, vous ne redescendez pas
L’engrenage
C’est l’étape décisive qui fait passer le salarié au fonctionnement compulsif dont il faudra bien que quelqu’un de son entourage l’extraie. Là, bien sûr, il faut aller consulter.
La fatigue est un mécanisme protecteur faisant intervenir une multitude de systèmes de régulation, pour un but unique : conserver l’équilibre vital, c’est à dire vivre des intérêts sans toucher au capital.
Vous devenez anxieux à l’idée de ne pas vous endormir à temps et d’avoir vos heures de sommeil
Vous vous réveillez en pleine nuit et vous êtes assailli par tout ce que vous n’avez pas fait, tout ce que vous avez encore à faire
Vous ruminez et vous n’arrivez plus à vous rendormir
Vous n’arrivez plus du tout à dormir
Vous voudriez tellement dormir plus
Vous vous sentez las, ralenti
Vous vous sentez fatigué
Vous voudriez bien décrocher mais comment faire ?
Vous n’arrivez pas à lutter contre le TTU (« Très Très Urgent »), le toujours tout de suite, l’ASAP (« As Soon As Possible »)
Vous n’arrivez pas à décrocher de votre messagerie, de votre smartphone
Le bip du mail entrant ou du message vous attire inexorablement, vous voulez savoir qui c’est
Les temps de répit au travail sont utilisés pour regarder votre messagerie perso
Vous êtes captif du numérique, vous regardez tout en ligne, boulot, soldes, journaux, sites divers
Vous vous sentez épuisé
Vous avez l’impression de toujours faire la même chose et de ne jamais être à jour
Vous n’avez pas fini ce que vous aviez à faire hier et vous n’avez pas dormi de la nuit en pensant à ce qui allait vous tomber dessus ce matin
Vous démarrez toutes vos journées avec un sentiment de faute, de culpabilité puisque vous n’êtes pas à jour
Tout en vous sentant au bout du rouleau, vous vous acharnez à finir vos objectifs
Vous êtes pris dans un engrenage: vous êtes fatigué donc moins performant. Vous redoublez d’effort et donc vous doublez votre fatigue
Vous travaillez de manière compulsive
Vous vous auto-accélérez
Vous êtes là de plus en plus longtemps mais ça n’avance pas, vous refaites dix fois la même opération
Vous essayez de donner le change de donner l’impression d’être motivé, présent, de travailler, mais c’est inefficace
Vous avez du mal à trouver les mots, vous oubliez vos codes de carte bleue, votre numéro de sécurité sociale
Plus vous cherchez, plus vous avez l’impression que votre cerveau se bloque
Vous faites des erreurs, vous vous trompez de mots, vous vérifiez mal, vous laissez passer des procédures, vous vous en apercevez puis bientôt vous ne vous en apercevez plus
La désocialisation
Vous n’allez plus prendre de café à la machine, ni déjeuner à la cafétéria, d’abord, ça vous fait perdre du temps et puis les écouter vous agace.
Vous n’avez plus envie de parler aux gens, même aux collègues que vous aimez bien
Comment leur dire dans quel état vous êtes, alors qu’ils ont l’air de tenir
Que pourraient ils faire pour vous aider de toutes façons ?
Un collègue est venu vous parler de votre état, vous lui avez dit de se mêler de ce qui le regarde, vous allez très bien
Le soir chez vous, vous travaillez de plus en plus tard
Vous ne parlez plus que de ça à votre conjoint, à vos enfants, à vos amis
Ils s’en plaignent, bientôt vous ne leur parlez plus du tout de votre travail puisqu’ils n’ont pas l’air de comprendre
Bientôt vous ne sortez plus car vous n’avez plus l’énergie.
Les week ends vous travaillez, toujours dans l’espoir de rattraper
Pendant les vacances, vous vous connectez pour continuer à suivre votre travail
Vous avez besoin de manger davantage
De plus en plus de sucre et de gras
Vous n’allez plus manger au self ou dans un café, vous n’avez plus le temps.
Vous avalez vite fait un sandwich sur le coin de votre bureau
Vous digérez mal
Vous ne digérez plus rien
Vous avez raté le cours de gym
Vous n’avez plus le temps d’aller courir
Vous n’avez plus le temps de faire vos courses
La cuisine
Le ménage
Vous vous mettez en colère plus facilement
Vous aboyez envers vos collègues, vos subordonnés, votre équipe
Vos enfants vous énervent à vous tomber dessus dès que vous rentrez à la maison pour les devoirs
Vous hurlez sur vos enfants sans arrêt
Ce matin, pour la première fois, vous avez frappé votre enfant parce qu’il ne se préparait pas assez vite.
Vous passez de la colère aux larmes sans comprendre pourquoi
- Les échanges métaboliques constituent des mécanismes chimiques qui ont pour mission d’emmagasiner et de libérer de l’énergie au fur et à mesure des besoins.
- Si l’adaptation exige une quantité d’énergie supérieure à celle que le système peut mettre en disponibilité –> fatigue voire épuisement.
- Si la période de récupération ne succède pas à la dépense d’énergie, le bilan énergétique devient rapidement déficitaire –> apparition de lésions irréversibles.
- Chez le sujet normal en effort modéré, les ressources énergétiques de l’aérobiose (consommation d’oxygène) suffisent pour couvrir les besoins.
- Si la quantité d’oxygène devient insuffisante, le mécanisme chimique de production d’énergie s’oriente vers l’oxydation indirecte (formation d’acide lactique et d’autres substances plus ou moins toxiques) dont l’accumulation dans le sang explique les symptômes de la fatigue (comme les courbatures) tableau d’épuisement
Les signaux forts : les troubles et lésions
Vous faites des torticolis
Vous faites des lumbagos
Des névralgies cervico-brachiales
… ou faciales
Vous avez des palpitations cardiaques, le cœur qui s’emballe, qui bat la chamade
Vous avez des malaises
Vous avez des vertiges
Vous vous évanouissez au travail
Vous vous sentez moins motivé ce matin
Vous allez travailler à contre cœur
Vous allez travailler à reculons
Vous n’avez plus envie d’aller travailler
Vous ne vous mettez plus en colère et vous ne pleurez plus car vous trouvez que tout ça ça n’a plus de sens
Vous avez mal au ventre
Vous avez pris 10 kilos en quelques mois
Vos analyses de sang ne sont pas bonnes, votre cholestérol augmente, vos triglycérides aussi
Vous vomissez le matin avant de partir au travail
Vous vous videz
Vous perdez du poids
Vous êtes souvent enrhumé
Vous êtes tout le temps enrhumé
Vous faites des otites
Vous faites des angines
Vous avez de l’eczéma, des boutons, du psoriasis
Vous avez des poussées d’herpès
Il faut déjà vous lever tous les matins et mettre un pas devant l’autre pour venir à ce travail qui n’a ni queue ni tête
Tout ça finira mal, vous le savez, et à la limite vous l’espérez, que tout ce système se casse la figure
L’isolement
Les gens du bureau ne vous disent plus bonjour de toutes façons, déjà parce que plus personne n’a le temps mais aussi parce que vous vous êtes isolé, éloigné et que, vous ne le savez pas, ils ne comprennent pas votre attitude.
Vous ne leur parlez plus, ils ne vous parlent plus
Ils vous évitent
Vous vous sentez de plus en plus seul
Si on vous parle, vous vous demandez pourquoi, ce qu’on vous veut, vous êtes devenu méfiant
D’ailleurs, vous vous en foutez royalement
On verra bien ce qui se passera
Vous êtes allé voir votre médecin traitant qui voulait vous arrêter mais vous avez dit non, ce n’est pas possible
Si vous vous arrêtez, personne ne fera le travail, ça va s’accumuler et quand vous reviendrez, ce sera l’enfer
Si vous vous arrêtez, votre hiérarchie le prendra mal
Si vous vous arrêtez, vos collègues le prendront mal
Finalement vous décidez de vous arrêter trois jours par ci, trois jours par là, en espérant que ça ne se verra pas trop
Juste pour respirer un peu
Vous n’arrivez pas à vous reposer
Le recours aux expédients
Votre médecin vous a prescrit de quoi dormir, calmer votre anxiété, être moins fatigué
À la pharmacie, en achetant vos médicaments, vous avez aussi acheté des vitamines, le dernier produit anti quelque chose sur le comptoir ou celui qu’une amie vous a conseillé
Vous fumez davantage
Vous recommencez à fumer
En rentrant chez vous, vous retrouvez les enfants, leurs devoirs, les tâches ménagères, les cris, le désordre, vous vous prenez un petit verre en préparant le diner. Puis deux, puis trois.
Si vous êtes seul, un petit pétard sur le canapé pour décompresser et vous sentir enfin flotter
Une bière au café du coin avec les amis, plusieurs bières, l’after hour convivial,
Un red bull dans la matinée pour tenir, ou une ligne de coke puisque tout le monde le fait – ou des amphétamines
Un calmant quand vous vous couchez pour casser le sur-régime du moteur
Malgré les produits, la fatigue est de retour
Vous vous sentez lourd, vous vous trainez
Vous vous sentez usé, épuisé, vieux
Vous vous sentez en échec, impuissant à assumer votre travail
Vous n’arrivez plus à faire face à ce qu’on vous demande au travail
La désillusion
L’être humain se croit toujours coupable de la situation dans laquelle il se trouve, il est ainsi fait. Il pense qu’il n’est pas à la hauteur de la situation alors que la situation peut dépasser la physiologie humaine. Si votre collègue en est à ce stade, il faut aller vers lui et l’aider.
Vous vous sentez dépassé, envahi, submergé
Vous ne comprenez plus ce qu’on vous demande de faire au travail
Vous pensez que tous ces reportings, ces tableaux, ces PowerPoint, alourdissent votre travail et ne servent pas à grand chose mais on ne vous demande plus que ça et vous n’osez pas discuter
Vous ne vous reconnaissez plus dans la nouvelle manière de travailler qui pour vous n’a pas de sens
Quand vous dites que c’était mieux avant, on vous répond que c’est un signe de vieillesse !
Vous en déduisez que vous avez vieilli
Vous ne ressentez plus rien
Vous êtes comme une voiture lancée à toute vitesse et qui roule vers le ravin
Vous êtes désillusionné
Vous allez travailler parce qu’il le faut
Il ne vous apporte plus aucun plaisir, ni aucun sentiment d’utilité
Il faut s’endurcir, se tanner le cuir, aller à l’essentiel
Vous trouvez que les gens autour de vous s’écoutent trop et se lamentent
L’effondrement
Pensez à faire déclarer cette situation en accident du travail ou de service ! vous serez mieux protégé.
Ce matin, vous n’arrivez pas à poser le pied par terre
Sur le trajet vers le travail, la panique vous serre comme un étau, vous êtes en sueur, votre cœur bat à tout rompre
Sur le quai du métro, vous entendez la rame arriver et vous vous dites «si je me jette, tout va s’arrêter, je vais pouvoir me reposer…»
Vous éclatez en sanglot pendant la réunion devant votre équipe
Vous vous évanouissez dans le couloir
Vous renversez votre bureau et votre ordinateur, pris d’une rage intense
Votre n+1 parle mais vous ne l’entendez plus, vous êtes obsédé par la fenêtre ouverte derrière lui
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