Guide Pratique pour les Médecins Généralistes

21 février 2019 | Stress Travail et Santé

Il n’est plus nécessaire de convaincre les médecins généralistes de l’existence de la souffrance au travail. Ils en constatent les dégâts au quotidien dans leur cabinet : crises d’anxiété, peur d’aller au travail, troubles du sommeil, cauchemars, dépression, plainte sur le harcèlement subi, burn out, stress post traumatique, troubles somatiques…

Travailler, c’est se travailler

Si le travail peut déclencher de telles décompensations c’est qu’il demeure le plus grand pacificateur individuel et social. Il est donc central dans la préservation de notre santé, dans sa déstabilisation aussi.

Construire son identité grâce au travail

La régulation de notre «estime de soi» dépend souvent des autres. En contrepartie de la contribution qu’il apporte à l’organisation du travail, le sujet attend une rétribution. Pas simplement un salaire mais aussi une reconnaissance. La reconnaissance de la qualité du travail accompli est la réponse aux attentes subjectives dont nous sommes porteurs. Alors, les doutes, les difficultés, la fatigue s’évanouissent devant la contribution à l’oeuvre collective et la place que l’on a pu se construire parmi les autres.

Le travail se situe dans l’écart entre le prescrit et le réel

Le travail fait l’objet de nombreux discours savants. Le juriste parle du contrat de travail, le chef d’entreprise évoque les objectifs, l’organisateur définit les consignes, le physiologiste parle de biomécanique. Du côté de l’organisation du travail, l’expérience du travail se résume à l’injonction d’appliquer des consignes et des procédures. Mais sur le terrain, travailler implique de se confronter à la variabilité des situations. Travailler, c’est tenir d’un côté la prescription et de l’autre la résistance du réel. Les directives sont données pour une situation type qui ne se présente jamais.

C’est dans cet écart entre le prescrit et le réel que se trouve d’ailleurs la véritable définition du travail: «Le travail, c’est la mobilisation des femmes et des hommes face à ce qui n’est pas donné par l’organisation du travail» (Ph. Davezies, 1997).

La non-reconnaissance par la hiérarchie du lien que le sujet entretient avec le travail réel est déstabilisante pour l’identité. Si le sujet ne parvient pas à faire comprendre les impasses et les contradictions qu’il rencontre pour faire son travail (temps, moyens, effectifs), il peut en venir à douter de ce qu’il tient pour vrai, se remettre en cause et perdre confiance en lui. Cette dépressivité peut prendre des formes mineures, comme l’anxiété larvée, la chronicisation du sentiment d’ennui, de lassitude, de repli sur soi ou d’insatisfaction, l’augmentation de la consommation de psychotropes légaux, autant de signes avant-coureurs de la décompensation à venir.

La fatigue est le symptôme le plus courant

Parce qu’elle se situe dans le territoire de l’infraliminaire, la fatigue n’est pas prise au sérieux et est souvent disqualifiée. Il y a la bonne fatigue, évacuation en après coup de l’énergie mobilisée par la tâche à accomplir. Et la fatigue-usure du geste vidé de sens mais qu’il faut accomplir quand même, en réprimant toute activité spontanée des organes moteurs et sensoriels pour coller à la tâche prescrite, sans écart autorisé: une fatigue précurseur d’une dépression atone, blanche, qui ne dit pas son nom. La fatigue n’est donc pas toujours une réponse à une charge physique excessive, à un surmenage; elle peut aussi trouver son origine dans l’inactivité ou l’activité monotone et dans la répression de l’imagination.

La fatigue que le repos ne permet plus de résorber est aussi un des signaux précurseurs de l’épuisement professionnel.

La souffrance mentale, la fatigue sont irrecevables au travail. Devant l’absence d’écoute de sa souffrance, des impasses qu’il rencontre dans son travail, le salarié peut basculer dans la pathologie. Les solutions extrêmes de sortie de situation de souffrance au travail sont la démission ou l’absentéisme.

L’intégralité du dossier est consultable à cette adresse : https://www.souffrance-et-travail.com/professionnels/medecins-generalistes/

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