Marie Pezé, spécialiste du burn-out : « Le présentéisme au travail pénalise les femmes devant assumer la double journée »

Stress Travail et Santé

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La docteure en psychologie estime que « ce que subissent les femmes au travail augmente les troubles anxieux et dépressifs ». Dans un entretien au « Monde », elle explique qu’un état de stress aigu peut avoir des répercussions sur leur santé, et même les empêcher de tomber enceinte.

Marie Pezé, docteure en psychologie, psychanalyste et fondatrice du réseau Souffrance et travail, qui compte désormais deux cents consultations en France, raconte en quoi les femmes sont plus touchées que les hommes par le burn-out. « Dans notre pays, les femmes doivent s’adapter à des horaires excessifs, dans une organisation du travail pensée pour les hommes »,avance-t-elle. Elle ajoute qu’il existe des risques spécifiques pour leur santé : aux niveaux cardio-vasculaire, hormonal et gynécologique.

Avez-vous constaté une évolution du syndrome d’épuisement professionnel, observé pour la première fois chez des soignants en 1974 ?

Le burn-out, en 2024, ne se présente pas comme celui décrit par le psychiatre américain Freudenberger dans les années 1970, avec un épuisement moral et physique, un cynisme et un détachement par rapport au travail qu’on adorait. On sait désormais, grâce aux travaux de la Dares [direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques] de 2019, que 47 % des salariés sont en souffrance au travail, à cause de « conflits éthiques ». Le terreau du burn-out aujourd’hui n’est pas seulement l’intensification du travail, c’est aussi l’idée de faire du « sale boulot ». Les conditions – manque de temps, de moyens et d’effectifs – ne permettent pas de « bien travailler ».

Alors comment, physiquement, le burn-out se manifeste-t-il aujourd’hui ?

C’est surtout le cerveau qui dit stop. Le psychisme veut continuer à tout prix, car le salarié est pris dans des injonctions d’excellence et de rapidité avec les nouvelles technologies, mais le cerveau s’arrête. Tous les patients le disent : « A un moment, mon cerveau a bugué. » Ou : « Je me suis évanoui. » Ou encore : « J’ai fait un accident vasculaire cérébral. » C’est le moment où le corps, plus sage que le psychisme, prisonnier de la rapidité qu’on exige de lui, va atteindre ses limites physiologiques et s’écrouler.

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