Par Marie-Claude DEBAIN, sculpteur
L’ordre est tombé d’en haut. Il faut se confiner. Rester chez soi, se replier, s’éloigner du travail, des sorties, de la rue, des magasins, des autres. Le virus est là invisible ennemi, indétectable et si contagieux.
Cet Incroyable virus, véloce, un tantinet sociologue et philosophe, a mis à terre notre surcharge de travail, nos déplacements frénétiques, nos moyens d’expression, de communication, nos gestes amicaux, amoureux, notre économie mondialisée…
Il faut se confiner y compris chez soi, se tenir à distance, ne plus s‘embrasser, ne plus se toucher. Se laver les mains avec un gel introuvable. Se protéger avec des masques, commandés mais pas arrivés. Laver ses courses, tenir l’ennemi à distance Le contact devient dangereux,
Cet évènement sans pareil dure, dure… plusieurs semaines. Et au fil des jours, seul ou seuls à plusieurs, sans travail ou en télétravaillant de force, la pensée en suspens, un peu sidérée par la situation, par les flashs infos traumatophiles, par les consignes intraitables, par le danger de mort, par le nombre de patients en réanimations débordées, nous nous confinons à l’intérieur de nous -mêmes
Pour certains, la lecture, les tutos cuisine, les séries, les soignants à applaudir à 20 heures, avec les éboueurs, en oubliant un peu les caissières.
Pour d’autres, l’épuisement d’avant, lâche enfin grâce au rythme plus quotidien.
Pour d’autres encore, le manque d’activités devient insupportable, comme le bruit des voisins au-dessus.
Le temps passant, avec la vision rapide et quotidienne des villes désertées, dans ces journées interminables qui se succèdent, le comptage du nombre de morts en fond sonore, des remaniement psychiques profonds ont eu lieu dont nous n’avons pris la mesure qu’en nous déconfinant.