Burn-out : comment éviter l’escalade

23 décembre 2014 | Burn Out, Stress Travail et Santé

Ça peut arriver à n’importe qui… Les conseils de Marie Pezé, psychologue responsable d’une consultation de souffrance au travail, pour y échapper ou en sortir.

«Avant tout, une précision : celui qui fait un burn-out n’est pas un salarié fragile mais un employé très investi, donc solide. Ensuite un conseil à tous : si vous êtes très impliqué dans votre vie professionnelle, désengagez-vous. Ne mettez pas toutes vos billes dans le travail. Et si dans votre entourage proche, quelqu’un vous dit « Je me fais du souci pour toi », écoutez-le. Il a sûrement de bonnes raisons.»
Vous êtes sur la mauvaise pente si vous présentez ces trois symptômes :

  • Une fatigue physique qui n’est pas résorbée par le repos (la dépression, elle, provoque une immense fatigue morale).
  • Une perte du plaisir au travail très différente du désengagement (en cas de dépression, cette perte de plaisir touche tous les domaines de la vie)…
  • Des recours addictifs. Si vous prenez du magnésium, des vitamines, antidépresseurs, somnifères, bières, amphétamines, etc. pour «tenir le coup» et redescendre le soir.

Vous avez commencé la glissade si :

  • Vous commencez à présenter des troubles cognitifs. On sait en effet aujourd’hui que le burn-out a des incidences neurophysiologiques sur la mémoire, la concentration et la logique, par exemple. Nous sommes tous, quelle que soit notre catégorie socioprofessionnelle, confrontés désormais à une surcharge de travail liée aux nouvelles technologies. Pour y faire face et maintenir notre niveau de vigilance et d’efficacité, nous nous « auto accélérons » en puisant dans notre capital énergétique.
  • Vous êtes dans le déni complet. Victime de burn-out, vous ? « Mais non, tout va très bien » dites-vous quand les autres vous interrogent sur votre état. Ce déni est à la fois conscient (vous avez peur de montrer que vous n’y arrivez pas) et inconscient (vous ne vous rendez pas compte de l’état dans lequel vous êtes).

Vous êtes en pleine descente si :

  • Vous faites du présentéisme. Vous restez tard le soir pour terminer votre travail et remplir vos objectifs parfois inatteignables.
  • Vous avez le syndrome du « jamais à jour ». Vous vous sentez coupable. Même si vous savez intellectuellement que vous donnez trop, psychologiquement vous vous sentez fautive. Vous travaillez encore plus pour montrer ce dont vous êtes capable, parce que vous avez besoin de reconnaissance. Si vous terminez le lendemain ce qui n’a pas été fait la veille, cela s’ajoute à ce qui est à faire le jour même et vous risquez de vous mettre en « faute prescrite » — une faute professionnelle qui peut vous valoir un avertissement.
  • A ce stade, vous fonctionnez comme une athlète du quotidien et vous mettez votre organisme en état de guerre. Or, le stress engendre une sur sécrétion de cortisol qui se colle partout, se niche dans les articulations en provoquant des troubles musculo squelettiques (les fameux TMS) et peut provoquer des syndromes métaboliques comme une prise de poids pouvant aller jusqu’à 10 kg. Beaucoup de femmes ont des problèmes cardio-vasculaires. Dans les cas extrêmes, l’excès de cortisol entraîne des troubles cognitifs majeurs avec des problèmes de mémoire, de logique et de concentration. L’organisme s’emballe comme une machine qui tente d’échapper au stress.

Comment l’éviter ?

  • Ne faites pas l’autruche : ça n’arrive pas qu’aux autres.
  • Au travail, accordez-vous 10 minutes de pause toutes les heures pour faire baisser votre taux de cortisol.
  • Faites-vous suivre médicalement et allez voir régulièrement la médecine du travail

Comment en sortir ?

  • Faites-vous prendre en charge psychologiquement, de préférence dans une consultation spécialisée de souffrance au travail pour avoir du recul. Il en existe une centaine en France.
  • En général, le médecin vous prescrira un arrêt de travail de 2 mois à un an pour en sortir vraiment. En effet, si la reprise est trop précoce, vous risquez de rechuter très vite.
  • Parfois, il vaut mieux négocier une rupture conventionnelle de bonne qualité. 80 % des patients qui se sont adressés à une consultation spécialisée et ont négocié une rupture conventionnelle ont retrouvé du travail, affirme Marie Pezé, parfois dans un autre domaine après avoir fait un bilan de compétences. »

 
Via Femme Actuelle

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