Un Marathon Pour la Vie

Chroniques

Partager cet article :

C’est souvent avec plaisir que j’écoute les métiers, que j’entrevois les ficelles et les ruses de l’intelligence. Bien faire son travail, voilà ce qui importe à beaucoup. L’intelligence rusée, celle du corps entier engagé dans le travail. Oui, mon écoute clinique si longtemps travaillée, elle aussi, me permet encore d’accéder à cette mémoire du « travail vivant ». Mais combien de temps encore me sera-t-il possible de vibrer sous les chants de ces efforts, sous l’expression de ces arts du travail, de m’émerveiller de la beauté des gestes ?
Je dois soigner le travail, réparer les métiers, prendre soin de ceux qui les ont si joliment portés.
Impossible de m’endormir, je suis rentrée tard ce soir, je reviens de ma consultation souffrance au travail. Oui, je suis préoccupée, je pense avoir bien fait mon travail mais l’inquiétude et le doute sont inscrits dans mon métier tout entier, mais plus encore que cela, je suis « trop vivante » pour m’endormir, ce trop-plein de vie je l’ai sollicité durant plusieurs heures, psychiquement, émotionnellement, intellectuellement : un marathon pour la vie, pour leur vie.
Trois patients cette après-midi. Deux d’entre eux sont tout proche du raptus suicidaire. Me voilà face à la reddition émotionnelle. C’est terrible ! l’organisation du travail a gagné, elle a gagné de sa morbidité et de sa maltraitance. Voilà, j’ai 2h pour les ramener à la vie. Nous ne sortons jamais indemnes de nos consultations, j’espère avoir réussi.
partagé par Sylvie Taymont, de la consultation Souffrance et Travail de Sedan.

A lire dans le magazine

Réseaux Sociaux

Suivez-nous sur les réseaux sociaux pour des infos spéciales ou échanger avec les membres de la communauté.

Aidez-nous

Le site Souffrance et Travail est maintenu par l’association DCTH ainsi qu’une équipe bénévole. Vous pouvez nous aider à continuer notre travail.