Droit du travail : la chute du recours à la justice

15 octobre 2019 | Dans la Loi

Le ministère de la Justice vient de publier un rapport remis en juillet qui analyse l’évolution des affaires prud’homales entre 2004 et 2018.

Ce rapport, écrit par la DACS en collaboration avec la chercheure Évelyne Serverin, montre la forte baisse des recours aux prud’hommes ainsi que la complexification des litiges. Il note aussi une forte inégalité de la contestation des licenciements en fonction du sexe, de l’âge ou de la profession.

Les recours liés aux licenciements divisés par deux en dix ans

Le nombre de recours aux prud’hommes a faiblement varié entre 1990 à 2010. Mais, depuis dix ans, il a été presque divisé par deux (228 901 en 2009, 119 801 en 2018). Les demandes formées par les salariés liées à la rupture du contrat de travail représentent 92 % des affaires.
Deux raisons majeures à cette chute : la montée en charge de la rupture conventionnelle depuis 2010. Puis les réformes de la procédure prud’homale avec notamment l’entrée en vigueur du décret du 20 mai 2016. Si le taux de recours des personnes contre leur licenciement a régulièrement augmenté jusqu’en 2014, pour atteindre 40 %, il a depuis baissé de 10 points. Selon le rapport, l’ordonnance du 22 septembre 2017 encadrant les indemnités de licenciement, « n’a pas eu d’effet sensible sur les demandes nouvelles ».
Le nombre d’affaires en série est passé de 20 % en 2009 à 10 % en 2018. Parmi les causes : l’entrée en vigueur de la loi du 17 juin 2008 qui a réduit de trente à cinq ans le délai de prescription des actions personnelles. Autre conséquence des réformes : la part des saisines directes du bureau de jugement qui avait atteint 30,5 % en 2016 diminue depuis (25,3 % en 2018).

Les cadres, les hommes et les salariés âgés contestent plus

Si la baisse concerne toutes les sections prud’homales, elle est moins marquée pour les sections « encadrement » et « activités diverses », que pour la section « industrie ». La montée en puissance de la section encadrement renforce la concentration des affaires dans les gros conseils de prud’hommes situés dans les métropoles. Autre conséquence, la part des bénéficiaires de l’aide juridictionnelle diminue (8 % en 2018).
L’équipe a également comparé la saisine des prud’hommes avec les entrées en Pôle emploi suite à un licenciement. Un cadre licencié présente un risque de recours 3,1 fois supérieur à celui d’un non-cadre, et cet écart s’est fortement accru en dix ans.
Comme l’avait noté une précédente étude (Dalloz actualité, 8 oct. 2015, art. F. Mehrez), l’âge arrive en second des critères discriminants : « les salariés licenciés de 60 à 65 ans, présentent un risque 2,6 fois plus important » de saisir la justice que les moins de 30 ans. En 15 ans, l’âge moyen des salariés ayant saisi la justice a augmenté de plus de 4 ans (43,5 ans en 2018).
Enfin, les hommes ont une probabilité 1,5 fois plus importante que celle des femmes d’aller en justice. Les femmes ne représentaient que 40 % des requérants en 2018. « Le recours aux prud’hommes reste une affaire d’hommes, ce qui n’est peut-être pas sans lien avec l’écart salarial généralement constaté entre les femmes et les hommes. »

Voir le graphique et lire la suite sur le site www.dalloz-actualite.fr

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