Burn-out de l’aidant : comment le reconnaître et le prévenir ?

Mise à jour le 17 décembre 2024 | Stress Travail et Santé

Cumul des responsabilités personnelles et professionnelles, surcharge mentale… Votre rôle de proche aidant vous éprouve beaucoup. Au point de vous mener au burn-out ? Le phénomène est réel. Voici comment déterminer si vous en souffrez, et comment vous en préserver.

Vous êtes aujourd’hui près de 11 millions d’aidants à soutenir un proche en perte d’autonomie pour des raisons liées à son âge, un handicap, une maladie chronique ou invalidante. Mais votre rôle n’est pas toujours facile. Selon le Baromètre OCIRP 2016, « L’âge de l’autonomie », près d’un tiers d’entre vous meurent avant le proche dont vous prenez soin et vous êtes :

  • 44% à éprouver des difficultés pour concilier votre rôle d’aidant avec votre vie professionnelle
  • 31% à délaisser votre propre santé
  • 32% à souffrir d’une fatigue physique chronique.

De l’épuisement au burn-out, il n’y a qu’un pas. Mais encore faut-il comprendre ce qu’est le burn-out de l’aidant pour pouvoir le reconnaître et le prévenir. Symptômes, causes, risques et prévention : Essentiel Autonomie fait le tour de la question.

Aidants familiaux : pourquoi êtes-vous exposés au burn-out ?

Utilisé pour la première fois dans les années 70, le concept du burn-out a d’abord servi à désigner l’état d’épuisement au travail des personnels de l’aide et du soin. Ce n’est certainement pas une coïncidence si les aidants y sont, eux-aussi, particulièrement exposés : le chiffre d’1 aidant sur 5 proche du burn-out circule beaucoup. Simple estimation ou fait avéré, il révèle en tout cas l’ampleur d’un phénomène qui s’explique par une multiplicité de facteurs favorisant un état de stress chronique lourd de conséquences

Proche aidant : une charge lourde à porter

Être un proche aidant n’est pas un travail quelconque, mais un rôle investi physiquement et émotionnellement. En plus de prendre en charge un proche en perte d’autonomie, l’aidant partage en effet avec lui sa souffrance ainsi que ses angoisses face à la maladie.

Par ailleurs, il ne faut pas négliger la dimension évolutive des pathologies et troubles du proche aidé : la charge à assumer devient ainsi plus lourde chaque jour de même que la peur de perdre la personne dont on s’occupe.

Enfin, cette responsabilité s’ajoute aux responsabilités professionnelles des aidants : 61% d’entre eux s’occupent de leur proche tout en continuant à travailler.

A lire aussi : Vous êtes aujourd’hui 4 millions à jongler entre votre carrière et l’assistance à un proche. Découvrez comment concilier vie pro, vie perso et vie d’aidant.

Pas de répit pour le proche aidant

« J’ai passé trois ans sans sortir. J’avais perdu 18 kilos. Je faisais tout au pas de course pour être le plus possible auprès d’Alain. Mon médecin me disait que j’allais faire un burn-out. Mais je pensais tenir le coup ! (…) Même lorsqu’Alain était sous surveillance médicale, je restais auprès de lui. » Virginie, aidante

Prendre soin de quelqu’un est une responsabilité quotidienne, voire journalière face à laquelle on peut d’ailleurs se sentir très seul : 8 aidants sur 10 ont ainsi le sentiment de ne pas être assez soutenus ou considérés par les pouvoirs publics. A cela s’ajoute la difficulté à déléguer : demander à quelqu’un de prendre le relais est parfois interprété comme un aveu de faiblesse et source de culpabilité.

Or la place du proche aidé dans la vie quotidienne est souvent très importante, voire envahissante : 1 aidant sur 4 déclare consacrer 20h et plus à soutenir un proche. Parfois au détriment de sa santé, très souvent au détriment de sa vie sociale, personnelle et familiale. Dans les cas les plus extrêmes, les proches aidants s’isolent peu à peu de leur entourage pour ne plus se consacrer qu’aux proches qui ont besoin d’eux.

Un « droit au répit » a bien été prévu par la loi, mais il est peu utilisé dans les faits : il n’est donc pas rare de voir les aidants familiaux éprouver une sensation d’étouffement, voire de piège qui se referme, face à cette situation, sans qu’ils parviennent toutefois à en sortir.

BON A SAVOIR
Aidants familiaux : qui sont-ils ? Que vivent-ils ? De quels droits jouissent-ils ? Tour d’horizon d’un statut encore peu reconnu et pourtant de plus en plus partagé.

La détérioration de la situation financière du proche aidant

Prendre soin d’un proche a un coût financier : prestations médicales, achat de matériel adapté ou financement de séjours dans des établissements d’accueil sont autant de dépenses qui alourdissent le budget.

Or, la prise en charge d’un proche avec les soins quotidiens, les rendez-vous médicaux ou les conduites journalières oblige parfois à un désengagement de l’activité professionnelle et les conséquences sont alors lourdes à porter : entre le manque d’efficacité au travail à cause de la fatigue ou la prise de congés sans soldes, les aidants connaissent souvent une baisse de leurs revenus et éprouvent la peur de voir leur progression stagner, voire leur poste supprimé.

Ainsi, les difficultés financières rencontrées alimentent très souvent l’état de stress chronique.

EN SAVOIR PLUS
Vous aidez un proche en perte d’autonomie et vous devez arrêter de travailler ou diminuer votre activité professionnelle ? Découvrez comment devenir aidant salarié.

De l’épuisement de l’aidant familial au burn-out : 3 indices qui doivent vous alerter

Dérivé du verbe anglais qui signifie « consumer, brûler entièrement », le terme « burn-out » a été utilisé dans le domaine professionnel pour désigner un syndrome d’épuisement professionnel résultant d’un stress chronique au travail qui n’a pas été correctement géré. Par analogie, le terme est désormais appliqué à un état similaire : le syndrome de l’aidant ou burn-out de l’aidant. Pour comprendre ce qu’est le burn-out de l’aidant et savoir en reconnaître les signes, il existe trois grands types de symptômes auxquels être attentif.

1. Un épuisement émotionnel, physique et psychologique

La lutte quotidienne contre la perte d’autonomie du proche dont vous avez la charge vous expose à un stress permanent qui se manifeste, en premier lieu, par un état de fatigue intense, voire chronique, un peu comme si toutes vos ressources étaient épuisées :

  • sur le plan émotionnel, vous devenez très (trop ?) sensible ou irritable
  • sur le plan physique, vous vous sentez fragilisé : vous êtes sujet à des infections de plus en plus nombreuses et des douleurs chroniques (mal de dos, maux de têtes, de ventre …)
  • sur le plan psychologique, enfin, vous éprouvez un stress intense, parfois des angoisses, votre sommeil est perturbé et votre humeur, changeante

Votre rôle de proche aidant est donc une lourde responsabilité qui éprouve le corps et l’esprit et dont les conséquences ne doivent pas être négligées.

2. Un détachement et un désinvestissement

Quand votre rôle de proche aidant devient trop lourd à porter, que votre tâche vous semble trop exigeante, votre inconscient réagit pour vous protéger : il vous fait prendre de la distance.

Vous vous repliez alors sur vous-même jusqu’à vous détacher de vos responsabilités. Vous incriminez votre entourage pour ce mal-être et vous en arrivez à une certaine indifférence face à leur souffrance, parfois même une forme de cynisme, voire d’agressivité.

Cela n’a rien à voir avec les sentiments qui vous lient au proche dont vous avez la responsabilité. C’est un mouvement d’autodéfense révélateur d’un véritable mal-être d’autant plus lourd à porter qu’il s’accompagne généralement d’un sentiment de culpabilité.

3. Une forme d’autodépréciation

À l’inverse, vous pouvez être assailli par un sentiment d’échec, d’inutilité, d’incapacité à être à la hauteur de votre rôle. Doutes et culpabilité vous accablent et vous empêchent de vous occuper correctement du proche dont vous vouliez pourtant prendre soin. Malgré tous vos efforts, vous avez la sensation d’être dans une impasse.

Si vous observez la présence récurrente de l’un ou plusieurs de ces symptômes, il est urgent d’aller consulter un professionnel qualifié pour diagnostiquer un burn-out de l’aidant. Cela vous permettra d’être soutenu et accompagné.

Lire la suite, Aidants familiaux : mesurer votre épuisement avec l’échelle de Zarit, sur le site www.essentiel-autonomie.com

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