« Cadres déconnectez-vous! », une campagne de la CGT

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C’est un cri d’alarme qu’a lancé jeudi 4 septembre l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens CGT (Ugict-CGT) : le travail au noir explose chez les cadres.

Selon Marie-José Kotlicki, secrétaire générale de l’Ugict-CGT, qui tenait une conférence de presse, « 75% des cadres et 39% des salariés déclarent utiliser les nouvelles technologies pour leur usage professionnel sur leur temps personnel. Ce travail réalisé à la maison ou dans les transports n’est en général ni reconnu ni comptabilisé, et dépasse très souvent les limites horaires imposées par la loi ». L’organisation de cadres va lancer une campagne sur le thème « halte au harcèlement numérique » et réclame, comme l’ont déjà fait l’Union confédérale des cadres de la CFDT et la CFE-CGC, un « droit à la déconnexion ». Pour Mme Kotlicki, « au lieu d’agiter des chiffons rouges en annonçant vouloir revenir sur les 35 heures, le gouvernement serait bien inspiré de s’intéresser au temps de travail qui ne cesse d’augmenter: les salariés travaillent en moyenne 39,5 heures par semaine, les cadres 44,1 heures ».
Dans son étude, qui se fonde notamment sur un sondage réalisé en mai qui avait fait ressortir le malaise des cadres, l’Ugict-CGT décrit précisément cette addiction forcée aux nouvelles technologies: « Seule une infime minorité de salariés est considérée officiellement comme télétravailleur, et bénéficie du cadre prévu par l’accord national interprofessionnel de 2005. Les technologies de l’information et de la communication (TIC) permettent une disponibilité permanente et sans limite et la frontière entre vie professionnelle et vie privée est beaucoup plus floue. Il s’agit d’une remise en cause du fondement du droit du travail qui garantit que le lien de subordination entre le salarié et l’employeur doit être temporaire et limité dans le temps. Les salariés « nomades » sont particulièrement exposés: les déplacements à titre professionnel, notamment lorsqu’ils nécessitent de « découcher » se traduisent par une augmentation du temps de travail non reconnu (travail dans les transports ou à l’hôtel par exemple), par des temps de repos inférieurs aux obligations légales et par une absence de protection des salariés en cas d’accident de travail ». Selon le syndicat, « 68% des cadres effectuent au moins un jour de déplacement par semaine et 41% deux jours ou plus par semaine » et « 70% des cadres affirment travailler pendant leurs trajets alors que le « nomadisme » ne bénéficie d’aucun encadrement ni définition juridique ».
Dans une lettre à Michel Sapin, ministre des finances et des comptes publics, Mme Kotlicki demande que le Comité national de lutte contre la fraude, qu’il préside, fasse réaliser par les services de la sécurité sociale et la direction générale du travail « une étude pour quantifier le nombre d’heures de travail effectuées par les salariés en dehors de leur temps et de leur lieu de travail hors de tout cadre légal et ainsi évaluer le montant des cotisations non recouvrées et le nombre d’emplois qui pourraient être créés ». Pour l’Ugict-CGT, « ramener le temps de travail réel à 35 heures libérerait l’équivalent de 2,7 millions d’emplois ».
L’organisation des cadres cégétistes, dont la numéro deux, Sophie Binet, appartient au bureau confédéral de la CGT, réclame l’instauration d’une « négociation obligatoire dans chaque entreprise sur l’utilisation des outils numériques », avec une interdiction que la salarié puisse être « récepteur d’une sollicitation professionnelle durant ses temps de repos »… et une augmentation de 11 à 13 heures de la durée minimale de repos quotidien. Elle veut aussi imposer une obligation de présenter chaque année au comité d’entreprise « une évaluation du temps de travail de l’ensemble des salariés par catégorie socio-professionnelle et secteur ». L’Ugict-CGT entend aussi faire basculer tous les télétravailleurs, y compris ceux qui sont en forfaits-jours, dans le cadre du télétravail pour qu’ils bénéficient des protections prévues par la loi. Enfin elle demande que le temps de transport, durant les déplacements professionnels, soit considéré comme du temps de travail. Bref le nouveau slogan de cette revendication partagée par plusieurs syndicats pourrait être: « Cadres, déconnectez-vous! »
Via Social.Blog.LeMonde

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