Fin 2017, le nombre d’heures supplémentaires non récupérées par les personnels de la police nationale et non indemnisées s’élevait à 21,82 millions d’heures. Une situation aggravée par la menace terroriste et la crise des «gilets jaunes».
Et lundi, le syndicat Alliance a demandé «à tous les policiers de France de ne sortir que sur appel» ce mercredi, sous le mot d’ordre «fermons les commissariats», afin d’obtenir du gouvernement de meilleures conditions de travail et de rémunération.
Locaux insalubres, manque d’effectifs et de véhicules, insécurité croissante…. les revendications des policiers sont connues depuis longtemps. Une autre doléance, directement liée à la question du pouvoir d’achat, contribue également à l’exaspération de la profession: le non-paiement de nombreuses heures supplémentaires, qui concerne uniquement les gardiens de la paix.
Plus de 20 millions d’heures supplémentaires non payées
Selon un rapport sénatorial publié en juin 2018, «le stock d’heures supplémentaires non récupérées par les personnels de la police nationale et non indemnisées s’élevait, à la fin 2017, à 21,82 millions d’heures, niveau jamais atteint à ce jour». Et la situation ne s’est pas améliorée depuis. «Je pense qu’on est aujourd’hui à 25 millions d’heures supplémentaires non payées», nous explique Yves Lefebvre, secrétaire général Unité SGP Police FO.
À environ 12 euros l’heure supplémentaire, ces heures impayées correspondent à une somme avoisinant les 300 millions d’euros, calcule Yves Lefebvre. Lundi 10 décembre, dans un courrier adressé à Emmanuel Macron et révélé par Nice-Matin, le député LR des Alpes-Maritimes Eric Ciotti estimait que «le nombre d’heures théoriques moyen par agent concerné s’élève à près de 158 heures, pour un coût moyen par agent proche de 2.000 euros».
Ce constat se heurte à une situation inextricable. D’une part, comme nous l’explique Patrice Ribeiro – patron de Synergie-officiers -, «l’État n’a pas les moyens de payer les heures impayées et donne des compensations». Mais en raison du climat actuellement très tendu en France, les policiers ne peuvent pas bénéficier de ces compensations. «Entre les attentats, l’évacuation des ‘gilets jaunes’ des ronds-points et les missions du quotidien, les collègues ne peuvent pas récupérer leurs heures sinon ça affaiblit la présence policière sur le terrain», détaille Yves Lefebvre. Même son de cloche chez Patrice Ribeiro: «On est en période de très forte tension et les effectifs sont très sollicités. On donne aux policiers des compensations qu’ils ne peuvent pas prendre. C’est le serpent qui se mord la queue».
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