La santé mentale au travail mérite bien une mission interministérielle

Stress Travail et Santé

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SANTÉ MENTALE – La Journée mondiale de la santé mentale, célébrée chaque année le 10 octobre, sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a pour objectif de sensibiliser aux problèmes de santé mentale dans le monde.

Cette sensibilisation est d’autant plus nécessaire que la santé mentale est l’un des domaines les plus négligés de la santé publique. Dans notre pays aussi la situation n’est guère satisfaisante. En matière de bien-être ressenti, la France se situe en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE. Rappelons que le bien-être (physique, psychologique et social) est la définition que donne l’OMS de la santé, au-delà de la seule absence de maladie.

Le dernier bulletin de Santé publique France (SPF) souligne que la santé mentale des Français n’est pas bonne. Selon CoviPrev, les effets de la pandémie de Covid-19 et des confinements continuent de se faire sentir. Ainsi, 23% des adultes déclarent des signes d’anxiété (10 points de plus par rapport à l’avant Covid). Les états dépressifs sont fréquents (15%, à un niveau supérieur de 5 points à celui d’avant Covid). 10% des Français ont eu des pensées suicidaires au cours de l’année passée, soit 5 points de plus qu’avant la crise.

La prise de conscience tardive des pouvoirs publics s’est traduite en 2018 par une feuille de route de la santé mentale et de la psychiatrie déclinée principalement en une meilleure prévention et la mise en place d’interventions précoces. Cette feuille de route ambitieuse ne s’est malheureusement pas traduite dans les faits.

Plus récemment, les Assises de la psychiatrie et de la santé mentale des 27 et 28 septembre 2021, à l’initiative du Président de la République qui les a clôturées, ont voulu répondre à la misère de la psychiatrie française et au désarroi des professionnels de santé. Plusieurs annonces y ont été faites, plutôt bienvenues. Les consultations de psychologues pourront être remboursées dans certaines conditions (de nombreux pays le font déjà) alors que les consultations de psychiatrie en ville et à l’hôpital sont surchargées. Un numéro d’appel national de prévention du suicide va être mis en place. Cela suffira-t-il à donner à la santé mentale en France des moyens suffisants ? Rien n’est moins sûr.

La santé mentale, parent pauvre de la santé

Il est par ailleurs regrettable que ces Assises n’aient abordé que très superficiellement la santé mentale au travail. Celle-ci nécessite pourtant de grandes avancées. La situation actuelle reste en effet inquiétante : les salariés français sont parmi les plus stressés d’Europe (près d’un quart d’entre eux présentent des niveaux d’hyperstress), alors que le stress professionnel s’avère être le premier risque pour la santé des salariés, selon l’OMS et le Bureau international du travail (BIT).

Les niveaux d’anxiété et de dépression, déjà élevés, ont encore augmenté chez les salariés avec la crise de la Covid-19 et les changements organisationnels qu’elle a entraînés dans les entreprises. Quelques mois avant la pandémie, l’Agence européenne de sécurité et de santé au travail soulignait que la digitalisation croissante du travail (dont le télétravail représente la plus significative des manifestations) allait accroître les risques psychosociaux (RPS).

Si les entreprises affichent leur volonté d’agir face à ces risques et aux menaces qui pèsent sur les individus, il y a quelques mois encore une étude indiquait que 89% des employeurs se contentaient de respecter la législation en ce qui concerne la prévention des RPS. Dès lors, il n’est pas surprenant de constater que 72% des salariés français estiment que leur employeur ne s’intéresse pas à leur bien-être au travail ou qu’il le fait de façon très superficielle. C’est près de deux fois plus qu’en Allemagne.

Espérons que la dynamique lancée par les pouvoirs publics et le Ministère de la santé influencera le Ministère du travail dans sa préparation du prochain Plan de santé au travail (PST) en mettant l’accent sur la santé mentale.

Lire la suite, »Urgence d’une véritable mission interministérielle dédiée à la santé mentale au travail« , sur le site https://www.huffingtonpost.fr

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