Le courrier est arrivé le 23 juin, une lettre recommandée avec accusé de réception. Le docteur Véronique Möller, qui exerce à Magny-les-Hameaux (Yvelines), a tout de suite su de quoi il s’agissait : un rappel à l’ordre de l’assurance-maladie pour des arrêts maladie jugés trop nombreux.
Après avoir reçu la visite de délégués de la Caisse primaire d’assurance-maladie en mai, elle est désormais menacée de sanctions. « On m’explique qu’en 2014 j’ai prescrit 34,08 jours par patient en moyenne, contre 27,87 en Ile-de-France, je ne comprends rien à ces calculs », explique-t-elle. Alors qu’elle découvre le courrier, dans sa salle d’attente, il y a des patients auxquels elle sait bien qu’elle devra délivrer un arrêt de travail : « J’allais leur dire quoi ? Vous oui, vous non, parce que je dois en faire moins ? »
Le lendemain, la généraliste a fermé son cabinet jusqu’à nouvel ordre. «Je ne céderai pas, enrage-t-elle. Parmi mes patients, j’ai beaucoup d’ouvriers et de professions difficiles, donc des pathologies souvent plus lourdes que pour les cadres, qui eux ne prennent pas d’arrêt parce qu’ils peuvent travailler de chez eux.» Elle constate aussi avoir de plus en plus de patients atteints d’un cancer ou en burn-out, pour lesquels le retour au travail est difficile.
Le docteur Möller est loin d’être un cas isolé. Depuis quelques jours, des médecins, partout en France, ont reçu le même type de courrier, visés par une nouvelle campagne à l’encontre de ceux qui prescrivent plus d’arrêts que leurs confrères, et des arrêts plus longs.
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