Longues gardes à l'hôpital : l'hygiène des soignants s'en ressent

Stress Travail et Santé

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La durée des gardes et la pression en milieu hospitalier auraient des conséquences sur le respect des règles d’hygiène des mains, selon une étude américaine.

Les heures de garde se succédant, le personnel hospitalier se montrerait de moins en moins consciencieux concernant l’hygiène de ses mains, un réflexe pourtant crucial pour la protection des patients. Ce sont les constatations d’une étude publiée le 10 novembre par le Journal of Applied Psychology et dirigée par l’équipe de chercheurs de Hengchen Dai, doctorant de l’université de Pennsylvanie.
Les tâches principales d’abord
Si l’on en croit les résultats de l’étude, le taux moyen de respect des règles d’hygiène des mains passerait de 45,6 % à la première heure de garde à 34,8 % en fin de journée, soit une chute de presque 11 points sur une journée de travail. Ces négligences sanitaires seraient principalement dues à un affaiblissement cognitif du personnel soignant, les tâches se succédant et s’intensifiant au fil de la journée. Le respect des règles sanitaires serait alors relégué au second plan: «La pression exercée est telle que les employés se focalisent sur le fait de rester performants dans leur tâches principales (diagnostic des patients, prescriptions de médicaments…), en particulier quand la fatigue commence à se faire sentir», précise Hengchen Dai.
Pour réaliser cette étude, l’équipe de scientifiques s’est appuyée sur trois ans de données recueillies par la société Proventix, une entreprise spécialisée dans l’amélioration de l’hygiène des mains en milieu sanitaire. La fréquence de lavage des mains de 4157 personnes appartenant au personnel soignant de 35 hôpitaux américains a été évaluée à l’entrée et à la sortie des chambres des patients. Des badges électroniques ont été distribués aux employés participant à l’étude et des détecteurs ont été placés sur les distributeurs de savon. Parmi le personnel suivis, on dénombrait des infirmières (65 %), des techniciens de soins de patients (12 %), des médecins (7 %), des thérapeutes (4 %), et d’autres employés.
Des milliers de décès
Sur les 35 hôpitaux observés, les chercheurs estiment que ces manquements à l’hygiène sont responsables de plus de 7 500 décès évitables. Cela équivaut à 600 000 infections et 35 000 décès évitables chaque année, dans l’ensemble des hôpitaux américains. Ces négligences entraîneraient des dépenses équivalentes à plus de 10 milliards d’euros.
Si les conclusions de cette recherche mettent en évidence la faillibilité humaine, elles rappellent aussi qu’un contexte hospitalier trop stressant et de trop longues durées de travail peuvent avoir des conséquences sur la qualité des soins. En réponse à ce phénomène, les auteurs de l’étude plaident en faveur d’une nouvelle organisation du temps de travail: un allongement des temps de pause entre les gardes permettrait au personnel hospitalier d’être plus attentif dans le suivi du protocole sanitaire.
C’est d’ailleurs l’un des points noirs soulevés par les internes en médecine, en grève lundi. Épinglée par la Commission européenne en mars dernier, la France a été appelée à se conformer à la législation mise en place en Europe qui impose une durée maximale de travail de 48 heures par semaines pour le personnel hospitalier. En théorie, le code de la profession prévoit en outre un temps de repos de 11 heures après chaque garde de nuit. Autant de garde-fous qui ne seraient, en pratique, que rarement respectés, dénoncent les internes.
Via Le Figaro Santé

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